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Davos: la situation de l'Europe inquiète

La situation de l'Europe ne rassure pas

La situation de l'Europe ne rassure pas - -

Les leaders économiques sont réunis ce mercredi 22 janvier à Davos. L'un des sujets de discussions est la situation de l'Europe et le niveau de chômage élevé.

La situation de l'Europe continue de faire peur. Avec sa croissance maigrichonne et son chômage élevé, l'Europe n'est pas sortie de l'auberge, selon les leaders économiques réunis à Davos.

"L'Europe n'est pas de retour", a déclaré Axel Weber, président du conseil d'administration de la banque suisse UBS et ancien patron de la banque centrale allemande, lors d'une session de travail dont l'intitulé était "l'Europe est-elle de retour ?".

Lors des précédentes éditions du forum économique mondial de Davos, la crise financière en zone euro était sur toutes les lèvres et alimentait toutes les craintes. Pas pour cette 44e édition dont les travaux ont débuté ce mercredi 22 janvier. Pour autant, les influents acteurs économiques réunis dans la vallée suisse ne débordent pas d'optimisme.

Le Fonds monétaire international (FMI) a certes relevé mardi 21 janvier sa prévision de croissance économique mondiale en 2014, estimant notamment que la zone euro était en train de "tourner le dos" à la récession. Mais sa croissance attendue pour 2014 reste modeste, à 1%.

L'Europe est un "pays émergent"

Le patron du groupe pétrolier Total, Christophe de Margerie, a asséné une formule choc devant les journalistes, n'hésitant pas à déboulonner l'Europe de son piédestal d'économie avancée pour en faire un pays émergent, voulant dire par là que son économie doit se réinventer.

"Ne le prenez pas comme une provocation, je pense que l'Europe devrait être reconsidérée comme un pays émergent", a-t-il déclaré.

Plutôt que de chercher à rivaliser vainement avec les pays qui peuvent produire à moindre coût, les économies européennes doivent mettre en place de nouvelles compétences pour rétablir leur compétitivité.

"Franchement, nous avons besoin d'un nouveau départ. Arrêtons de penser que nous pouvons redémarrer à partir de choses qui ne peuvent plus être sources de développement ou de croissance pour nos pays", a-t-il déclaré.

Parmi les principales sources d'inquiétude pour les patrons qui s'exprimaient à Davos, le chômage est particulièrement préoccupant.

En novembre, le chômage est resté stable dans la zone euro à 12,1% de la population active, un niveau qui n'augmente plus depuis huit mois mais qui reste bien trop élevé, estiment généralement les économistes.

Le patron du groupe pétrolier italien Eni, Giuseppe Recchi, a affirmé devant l'auditoire qu'aujourd'hui en Italie, "il est difficile d'embaucher une personne de 30 ans sans expérience professionnelle".

Réforme du marché du travail

La solution, selon les participants au forum, semble passer par des réformes du marché du travail. "Nous avons demandé à 80 de nos clients quels sont les sujets incontournables en Europe pour leur expansion. La réponse a été la rigidité du marché du travail", a déclaré le patron du groupe publicitaire WPP Martin Sorrell.

Présent à Davos, le secrétaire général du syndicat IndustriALL, Jyrki Raina, a mis en garde contre la casse des modèles sociaux. "Il serait très dangereux de détruire les modèles sociaux européens à moins que vous ne vouliez suivre le chemin du Bangladesh ou du Cambodge", des pays où sont installées de nombreuses manufactures et où les conditions de travail sont très dures, a-t-il dit à l'AFP.

"Réparons le contrat social qui a été détruit par la crise", a plutôt souhaité Jyrki Raina, appelant à des négociations entre syndicats, entreprises et gouvernements.

Diane Lacaze & AFP