BFM Business
Economie et Social

BCE: les annonces de Mario Draghi pour relancer l'inflation

Mario Draghi passe à l'action

Mario Draghi passe à l'action - -

La Banque centrale européenne a décidé, ce jeudi 5 juin, de baisser ses taux pour lutter face à la faible inflation. Son président Mario Draghi a, durant sa conférence, annoncé de nombreuses autres mesures.

Mario Draghi n'a pas déçu, bien au contraire. La BCE a annoncé, ce jeudi 5 juin, la baisse de son taux de refinancement de 0,10% à 0,15%, son plus bas niveau historique. Le taux de dépot, lui, devient négatif à -0,10%, ce qui est inédit pour une grande banque centrale.

Mais ce n'était qu'une mise en bouche.Durant sa conférence, Mario Draghi a dès le début annoncé d'autres mesures: "des opérations de refinancement de long terme ciblées (TLTRO)", des "achats fermes sur le marché de valeur mobilière d'actifs" et la prolongation de l'octroi de liquidité illimitées jusqu'en décembre 2016.

Ce "paquet" de mesures doit "contribuer à faire revenir l'inflation à un taux proche de 2%". La BCE a d'ailleurs revu à la baisse ses prévisions (voir encadré),ce qui lui permet de justifier son action.

Les mesures affichées semblent avoir conquis le marché et les observateurs. Pendant son discours, l'euro a dévissé et le CAC40 s'est envolé, de même, que le Dax allemand. Sur Twitter, Frederik Ducrozet, économiste du Crédit Agricole CIB, a été impressionné par les annonces de Mario Draghi.

"Un paquet de mesure énorme, qui va au-delà des attentes et a de bonnes chances de marcher. Félicitations Monsieur Draghi", a-t-il écrit sur le réseau social.

Huge ECB package, goes beyond very dovish expectations, and has a good chance to work. Congrats Mr Draghi!
— Frederik Ducrozet (@fwred) 5 Juin 2014

Des crédits à long terme

La première mesure du "paquet" de Mario Draghi doit permettre, de l'aveu même du président de la BCE, de redynamiser les crédits aux entreprises et aux ménages. Ces "TLTRO", le premier "'T" signifiant "targeted" ou "ciblé" en français, seront au nombre de deux et seront lancés en septembre et décembre prochains avec pour échéance 2018.

Leur montant dépendra du volume de prêts accordés par les banques aux secteurs privés non financier, crédits immobiliers exceptés. Leur taux sera égal taux de refinancement (0,15% donc) augmenté de 0,10%.

Dans le détail,les banques auront, au début, le droit d'emprunter jusqu'à 7% du volume de leurs prêts en zone euro. Mais, ensuite, de mars 2015 à juin 2016, elles pourront emprunter, en plus, jusqu'à trois fois le montant de leurs prêts nets dans la zone euro.

La BCE s'assurera que les banques soutiendront l'économie et Mario Draghi a clairement précisé que les établissements qui ne le feront pas seront tenus de rembourser les fonds alloués.De plus des "exigences additionnelles" seront ajoutées, a-t-il indiqué.

Des rachats de créances titrisées

La deuxième mesure, l'achat de titres, doit, elle aussi, doper le crédit en zone euro. La BCE va ainsi intervenir sur le marché pour racheter des ABS (asset backed securities), c'est à dire des crédits transformés en titres financiers sur les marchés. Mario Draghi a précisé que ces rachats porteraient sur des "créances du secteur privé non financier".

Ces deux mesures essentielles doivent donc "améliorer l'accès au crédit du secteur privé non financier", a insisté Mario Draghi durant sa conférence.

Le marché a également été séduit par la volonté affichée par Mario Draghi. Ce dernier a, dès le début de sa conférence, indiqué que la BCE agira vite et pourra adopter "une politique monétaire encore plus accommodante".

Les taux ont "atteint leur limite"

Si le message n'était pas clair, il a ajouté que la BCE est fermement "résolue à adopter des mesures non conventionnelles si nécessaire". D'autant plus que Mario Draghi a reconnu que "les taux de la BCE ont atteint leur limite".

La banque centrale a ainsi dégainé aujourdhui quasiment toutes les armes à sa portée. Sauf une seule, l'arme nucléaire: les achats de dettes sur les marchés (Quantitative easing), comme le fait la Fed. Mais rien ne dit que la BCE ne songe pas à l'utiliser plus tard...

Le titre de l'encadré ici

|||La BCE revoit à la baisse ses prévisions d'inflation

Sans surprise la BCE a revu à la baisse ses prévisions d'inflation pour la zone euro. L'institution anticipe  0,7% pour 2014, 1,1% en 2015 et 1,4% en 2016 contre auparavant respectivement 1% pour 2014, 1,3% pour 2015.

Mario Draghi a toutefois bien assuré "ne pas voir de déflation (baisse des prix)" se profiler en zone euro.

Sur la croissance en zone euro, elle table sur des chiffres de 1% pour 2014, 1,7% en 2015 et 1,8% en 2016. Là aussi Mario Draghi a été rassurant: la reprise est faible et fragile mais "elle est bien là".

Julien Marion