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Taxes sur l'acier et l'aluminium: Donald Trump désigne ses "amis" et ses "ennemis"

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- - Jim Watson - AFP

Le président américain a indiqué ce jeudi que les taxes à l'importation d'acier et d'aluminium que les États-Unis s'apprêtent à adopter ne concerneraient pas ses "vrais amis", et qu'elles seraient "équitables".

Le président américain Donald Trump a nettement adouci le ton jeudi en matière de politique commerciale, promettant flexibilité et coopération avec les "vrais amis" des États-Unis dans l'imposition à venir de taxes à l'importation sur l'acier et l'aluminium. Il s'est aussi engagé à présenter des mesures "très équitables", à être "très flexible" ce jeudi, avant de lister ses "amis" et ses "ennemis".

"Nous devons protéger et bâtir nos industries de l'acier et de l'aluminium tout en faisant preuve d'une grande flexibilité et de coopération avec ceux qui sont des vrais amis et nous traitent de manière équitable à la fois dans le commerce et la défense", a tweeté le président américain, précisant qu'il rencontrerait les responsables du secteur jeudi après-midi à la Maison Blanche.

Le président américain a annoncé il y a une semaine son intention d'imposer à hauteur de 25% de taxes sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, ravivant le spectre d'une guerre commerciale entre les États-Unis et nombre de ses alliés à commencer par le Canada, son premier partenaire commercial et premier fournisseur d'acier. La promulgation formelle de ces taxes pourrait intervenir dès jeudi, selon les médias américains.

> Qui sont ses amis?

Visiblement: le Mexique, le Canada et l'Australie. "Nous avons de très bonnes relations avec l'Australie, nous avons un excédent commercial avec l'Australie, un pays formidable, un partenaire depuis longtemps. Nous allons faire quelque chose avec eux", a déclaré Donald Trump devant des journalistes ce jeudi. "Nous ferons quelque chose avec d'autres pays", a-t-il ajouté.

Le président américain a par ailleurs confirmé que sa décision concernant le Mexique et le Canada dépendrait in fine de l'issue des négociations en cours sur l'Accord de libre-échange nord-américain qui unit les États-Unis et ces deux pays. "Si nous trouvons un accord, il est très probable que nous n'imposerons pas de taxes à ces deux pays", a-t-il déclaré.

Face à la levée de boucliers dans le monde entier, la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders avait fait savoir dès mercredi qu'il pourrait y avoir des "dérogations" pour le Mexique et le Canada. Selon le Washington Post citant des hauts responsables de l'administration américaine, le Canada et le Mexique seraient exemptés de ces taxes durant 30 jours. Cette dérogation pourrait être prolongée en cas de progrès dans la renégociation de l'Aléna, a-t-il ajouté.

> Qui sont ses ennemis?

Sans le dire aussi crûment, Donald Trump semble considérer que le premier exportateur de la zone euro ne fait pas partie des ses "amis". Évoquant à la fois les questions commerciales et de défense, il a pointé du doigt l'Allemagne. "Nous avons des amis et aussi des ennemis qui ont énormément profité de nous depuis des années sur le commerce et la défense", a-t-il déclaré. "Si on regarde l'Otan, l'Allemagne paie 1% et nous payons 4,2% d'un PIB beaucoup plus important. Ce n'est pas juste", a-t-il ajouté au sujet de la part de richesse consacrée aux dépenses militaires.

> Un ton radouci en quelques jours

Il y a tout juste une semaine, Donald Trump annonçait son intention d'imposer à hauteur de 25% toutes les importations d'acier et de 10% celles d'aluminium. L'assouplissement du ton du président républicain de ce jeudi intervient alors qu'une centaine d'élus républicains de la Chambre des représentants lui ont fait parvenir une lettre lui demandant de ne pas imposer des taxes uniformes. Ils y ont exprimé leur "profonde préoccupation" quant aux conséquences de telles taxes sur les entreprises américaines et ont recommandé des mesures plus "ciblées".

Donald Trump avait aussi été appelé à la modération dans sa politique commerciale par son conseiller Gary Cohn qui, faute de se faire entendre, a fini par annoncer sa démission mardi.

Sur le plan extérieur, Washington s'est attiré les foudres de l'Union européenne qui a martelé qu'une guerre commerciale serait nuisible à toutes les parties y compris aux États-Unis. "Il est désormais temps pour les responsables politiques des deux côtés de l'Atlantique d'agir de façon responsable", a exhorté le président du Conseil européen Donald Tusk, précisant que le contentieux serait au programme du prochain sommet européen à Bruxelles les 22 et 23 mars.

> L'Europe espère mais prépare sa riposte

La commissaire au Commerce extérieur Cecilia Malmström a de son côté détaillé les mesures en préparation par Bruxelles, à commencer par une liste de produits américains qui pourraient être taxés afin de compenser en valeur le dommage causé à l'industrie européenne. Cette liste, encore en discussion, comprend "des produits en acier, industriels et agricoles", et notamment "certains types de bourbon" ainsi que "le beurre de cacahuète, les airelles et le jus d'orange", a précisé Cecilia Malmström.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait déjà révélé que des marques symboliques comme Harley-Davidson et Levi's, ainsi que le bourbon, étaient dans le collimateur de Bruxelles. Les Européens exportent environ 5 milliards d'euros d'acier et 1 milliard d'euros d'aluminium chaque année vers les États-Unis.

Du côté des autres partenaires commerciaux, Pékin a indiqué jeudi qu'il adopterait une "réponse appropriée et nécessaire" face à d'éventuelles sanctions commerciales américaines. "Dans notre époque mondialisée, ceux qui recourent à la guerre commerciale choisissent le mauvais remède, ils ne feront que pénaliser les autres tout en se pénalisant eux-mêmes", a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi. Le déficit commercial des États-Unis avec le géant asiatique s'est établi à 21 milliards de dollars en février, soit un doublement sur un an.

N.G. avec AFP