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Ces patrons américains qui tournent le dos à Donald Trump

Donald Trump irrite le monde de l'entreprise par ses prises de position controversées.

Donald Trump irrite le monde de l'entreprise par ses prises de position controversées. - Drew Angerer - AFP

Les prises de position controversées du président américain suscitent de vives réactions de la part de grands chefs d'entreprises, y compris chez ceux qui l'ont soutenu lors de sa campagne.

La lune de miel entre Donald Trump et le monde de l'entreprise s'est un peu plus gâtée après la réaction, jugée inadéquate, du président américain aux violences de Charlottesville. Plusieurs grands patrons ont en effet quitté ses conseils économiques pour marquer leur désapprobation.

L'élection il y a neuf mois d'un homme d'affaires à la Maison Blanche avait suscité l'enthousiasme de certains dirigeants de grands groupes. Mais en renvoyant renvoyé dos à dos militants d'extrême droite et contre-manifestants dont les affrontements ont fait un mort samedi en Virginie, Donald Trump a fini par les désespérer. D'autant qu'après avoir fait lundi une déclaration solennelle dans laquelle il condamnait nommément les groupes d'extrême droite, le président américain a répété mardi, lors d'une conférence de presse improvisée, que les responsabilités pour les violences de Charlottesville se trouvaient "des deux côtés".

Le patron du géant pharmaceutique Merck, Kenneth Frazier, a pris la tête de la rébellion en claquant dès lundi la porte du Conseil pour l'industrie américaine. Il a été rapidement suivi par Kevin Plank, PDG de l'équipementier sportif Under Armour, et par Brian Krzanich, PDG du géant des puces informatiques Intel. Scott Paul, président de l'Alliance pour l'industrie américaine, leur a emboîté le pas mardi.

Le monde syndical s'est aussi indigné, comme en témoigne la démission du président de la principale centrale du pays, l'AFL-CIO, Richard Trumka, qui siégeait également dans le groupe conseillant Donald Trump sur les questions industrielles.

"Je suspecte que d'autres patrons auraient voulu protester, en démissionnant ou en prenant publiquement position. Mais ils sont un peu coincés", estime l'économiste Joel Naroff. "D'un côté, ils doivent maximiser le retour pour les actionnaires et, de l'autre côté, ils ne peuvent pas rester indifférents aux implications sociales de leurs décisions, ne serait-ce que pour leurs salariés", relève-t-il.

Trump irrité

En janvier, plusieurs dirigeants avaient déjà dénoncé un décret controversé restreignant l'immigration aux États-Unis, dont les patrons d'Apple, Tim Cook, et de Google, Sundar Pichai.

En juin, le médiatique fondateur du constructeur de voitures électriques Tesla, Elon Musk, et celui de Disney, Bob Iger, avaient également claqué la porte de différents cénacles conseillant le président américain après sa décision de quitter l'accord de Paris sur le climat.

Donald Trump, de son côté, n'a pas apprécié ces camouflets. "Pour chaque PDG qui quitte le Conseil, j'en ai plein qui veulent prendre leur place. Les beaux parleurs n'auraient pas dû venir. DES EMPLOIS!", a-t-il tweeté mardi matin. "Ils ne prennent par leur travail sérieusement en ce qui concerne le pays", a-t-il insisté au cours d'une conférence de presse en avançant que "certaines des personnes qui vont partir le font par gêne, parce qu'ils fabriquent leurs produits à l'étranger".

Il s'en était pris personnellement la veille à Kenneth Frazier, estimant qu'il aurait ainsi "plus de temps pour se consacrer à réduire les prix totalement abusifs des médicaments".

Y.D. avec AFP