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Draghi réussit son grand oral

Mario Draghi a réussi à dépasser les attentes, ce jeudi 22 janvier

Mario Draghi a réussi à dépasser les attentes, ce jeudi 22 janvier - Daniel Roland - AFP

En annonçant ce jeudi 22 janvier un large programme de rachats de dette, le président de la Banque centrale européenne a convaincu la grande majorité des experts et des investisseurs.

Mario Draghi a répondu présent. Le président de la Banque centrale européenne était attendu au tournant comme rarement, ce jeudi 22 janvier.

Les investisseurs et les marchés tablaient sur des annonces fortes de la part du patron de la banque centrale pour relancer une inflation chancelante et une croissance morose dans la zone euro.

L'Italien ne les pas déçus. La BCE rachètera ainsi chaque mois pour 60 milliards d'euros de titres, dont 50 milliards de dettes d'Etat, pendant "au moins" un an et demi, de mars 2015 à septembre 2016. Et si l'inflation ne repart toujours pas, la Banque centrale continuera d'abreuver l'économie européenne de nouvelles liquidités.

De quoi satisfaire les marchés? A priori oui. Même s'il a hésité, le CAC40 a accéléré ses gains après le discours de l'Italien, prenant même +1,52% à la clôture. Les taux d'emprunts de la France à 10 ans ont atteint un plus bas historique, à 0,601%, dans le sillage des taux italiens ou espagnols. Enfin et non des moindres, l'euro a encore dégringolé face au dollar atteignant même en cours de séance, 1,14 dollar, son niveau le plus faible depuis plus de dix ans!

Un "message de confiance extrêmement puissant" 

"Mario Draghi a visé juste. Toute la difficulté était de délivrer quelque chose qui ne déçoivent pas, tant les attentes montaient de jour en jour. Et il a réussi de manière magistrale à créer la surprise à la hausse", s'est réjoui Gilles Moëc, directeur du département Economies développées chez Bank of America Merill Lynch, sur BFM Business. "Ca tape très fort. Et ce qui pour moi est central c'est le message envoyé par la BCE qui dit : 'tant que je ne suis pas sûr d'arriver à faire remonter les anticipations d'inflation, si les instruments que j'utilise aujourd'hui ne suffisent pas on pourra faire davantage'. En terme de message de confiance envoyé aux marchés c'est extrêmement puissant", analyse l'économiste.

Et Gilles Moec de conclure sur une note très optimiste: "il y a beaucoup de choses qui ne vont pas en Europe mais s'il y en a bien une fonctionne, bon an mal an, et après quelques coups de pied dans la machine c'est la banque centrale européenne".

Jean-François Robin, directeur de la Stratégie chez Natixis est sur la même ligne. "Mario Draghi a réussi son grand oral, en surprenant. Il est ainsi parvenu à rassurer tout le monde". Le stratégiste souligne ainsi que les investisseurs se sont même mis à racheter de la dette grecque sur le marché. "C'est ça qui est important: des pays comme la Grèce ou le Portugal pourront bénéficier de ce programme".

Autre point important: les montants en jeu. Mario Drahi n'a, en fait, pas donné de claire limite, le programme de 60 milliards d'euros d'achats d'actifs mensuel pouvant très bien être prolongé au-delà de septembre 2016. "Dans la façon de faire on se rapproche de la Réserve fédérale (Fed). Or Beaucoup d'observateurs pensaient que la BCE annoncerait un montant prédéterminé".

Draghi a été "à la hauteur" 

François Mallet, responsable des marchés actions chez Kepler Cheuvreux, a jugé sur BFM Business que "Draghi a été à la hauteur dans la mesure où on parle de chiffres astronomiques". "De ce point de vue-là, il a fait son maximum". Néanmoins cet analyste voit dans la volatilité des Bourses le fait que "les marchés ont encore des doutes sur l'efficacité ou non de cette injection de liquidités". Autre inquiétude soulevée par François Mallet: "les Etats vont être suffisamment unis ensemble pour prendre les mesures nécessaire pour relancer la croissance?". La balle est clairement dans le camp des gouvernements de la zone euro.

Julien Marion avec BFM Business