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Elon Musk supprime les pages de Tesla et Space X de Facebook

Elon Musk, patron et fondateur de Tesla et de Space X.

Elon Musk, patron et fondateur de Tesla et de Space X. - Hector Guerrero - AFP

Le PDG et fondateur de Tesla et Space X, après un échange sur Twitter avec le fondateur de What'sApp qui incitait ses followers à supprimer leur compte Facebook, a détruit toutes les pages de ses entreprises du réseau social créé par Mark Zuckerberg.

L'échange, intervenu mardi dernier, était cocasse. Le fondateur de WhatsApp participe sur Twitter au mouvement #deletefacebook qui prenait de l'ampleur dans les pays anglo-saxons après l'affaire Cambridge Analytica. Brian Acton, dont l'application de messagerie instantanée a justement été rachetée par Facebook en 2014, tweete le 20 mars: "il est temps. #supprimezFacebook". Le fondateur et patron de Tesla et Space X, Elon Musk, lui répond alors "qu'est-ce que Facebook?".

Un autre usager de Twitter interpelle alors Musk: "Supprime la page Facebook de SPace X si tu es un homme". Ce à quoi le fondateur du constructeur de fusée réplique "je n'avais pas réalisé qu'elle existait. Je vais le faire". C'est chose faite ce week-end: les pages Facebook de Space X et Tesla ont disparu du réseau social vendredi, comme l'ont noté quelques utilisateurs parmi les millions qui suivaient ces pages.

Dans ces échanges, l'iconique patron avouait ne pas avoir de compte Facebook et n'avoir jamais utilisé le réseau social. "Alors, je ne pense pas être un quelconque martyr ou que mes sociétés vont prendre un rude coup. En fait, on s'en fiche". Elon Musk n'a toutefois pas supprimé les comptes Instagram de Tesla Motors et SpaceX. L'application appartient pourtant elle aussi à Facebook, qui l'a achetée 1 milliard de dollars en 2012.

L'anecdote est en tout cas révélatrice de l'attitude très critique de toute la Silicon Valley vis-à-vis de Facebook, alors même que presque tout le secteur technologique qui prospère sur le trésor que représentent les données personnelles mises en ligne.

Outre Elon Musk et Brian Acton, Roger McNamee, un célèbre investisseur de la Silicon Valley et un des premiers actionnaires de Facebook, a lui aussi critiqué le groupe cette semaine, appelant son patron Mark Zuckerberg, mais aussi ceux de Twitter et Google, à aller s'expliquer devant le Congrès.

Leur viabilité financière dépend de l'usage des données

"Le système entier est vulnérable à la manipulation", lance The Center for Humane Technology, une organisation fondée par d'ex-personnalités de la "tech" souhaitant dénoncer ses dérives.

Nombre d'experts estime que la problématique va bien au-delà du réseau social, note l'analyste Rob Enderle. "Tout ce qui les intéresse, c'est les annonceurs publicitaires, et l'utilisateur n'est finalement qu'un esclave numérique. Cette semaine, c'est Facebook mais ça pourrait être d'autres, Google, Twitter ou même Apple", explique ce spécialiste des groupes technologiques.

Des plateformes de réservation de voitures comme Uber misent aussi sur les données personnelles, indispensables à la mise au point de la voiture autonome. Le géant du e-commerce Amazon accumule aussi une montagne de données. "Est-ce qu'ils peuvent aller plus loin pour protéger vos données personnelles? Absolument pas. Car c'est toute leur viabilité financière qui dépend de l'usage de vos données. Sans cela, ils ne gagneraient plus d'argent", résume Karen North, professeur de sciences numériques à l'Université de Californie du Sud.

Facebook s'est excusé auprès de ses 2 milliards d'utilisateurs dans le monde pour n'avoir pas su protéger correctement les données confidentielles de millions d'utilisateurs, qui ont fini aux mains de la firme privée britannique, Cambridge Analytica. L'affaire lui a déjà fait perdre 14% en Bourse cette semaine, soit plus de 50 milliards de dollars de capitalisation boursière.

N.G.