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Emmanuel Macron plaide pour une réponse européenne rapide aux taxes douanières américaines

Emmanuel Macron et Donald Trump lors d'une rencontre officielle en septembre 2018.

Emmanuel Macron et Donald Trump lors d'une rencontre officielle en septembre 2018. - Brendan Smialowski - AFP

Face aux velléités protectionnistes des USA sur les importations d'acier et d'aluminium, l'Union européenne doit "réagir rapidement", a estimé lundi le chef de l'État français.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré lundi que si les annonces des États-Unis pour taxer les importations d'acier et d'aluminium étaient "confirmées", "il est important que l'Union européenne réagisse rapidement et de manière proportionnée, dans le cadre de l'OMC".

"Il est clair que ces mesures seraient en contravention avec les règles de l'OMC (Organisation mondiale du Commerce): l'UE serait en droit, et ce serait le souhait de la France, de mener une action auprès de l'OMC et de prendre des contre-mesures" sur des biens américains, a-t-il précisé lors d'un point de presse avec le Premier ministre québécois Philippe Couillard.

Des taxes sur les Harley-Davidson et les Levi's?

Après l'annonce par Washington de l'imposition prochaine de droits de douane de 25% pour l'acier et de 10% pour l'aluminium, l'UE a annoncé vendredi préparer des mesures de rétorsion en taxant des produits comme les motos Harley-Davidson, le whiskey Bourbon et les jeans Levi's. Donald Trump a aussitôt répliqué en menaçant de taxer les voitures européennes.

Les annonces américaines seraient "de très mauvaises réponses à l'environnement que nous connaissons parce que c'est du nationalisme économique et comme l'avait dit un de mes prédécesseurs 'le nationalisme, c'est la guerre, et la guerre tout le monde y perd'", a insisté Emmanuel Macron. "Prendre des mesures unilatérales c'est prendre le risque du nationalisme pour des réponses de court terme qui ne sont jamais bonnes", a-t-il conclu.

"Tout ce qui est fait avec ces métaux va augmenter"

De son côté Philippe Couillard a estimé que "le marché américain va absorber" les taxes douanières et que "ce seront les consommateurs qui vont payer" car "tout ce qui est fait avec ces métaux va augmenter aux États-Unis". Cela s'est ainsi produit après les taxes américaines sur le bois de construction canadien, qui ont fait augmenter le prix des maisons aux États-Unis, a-t-il souligné.

"Quant à la guerre commerciale, il est rare qu'elle ne fasse pas que des perdants. Ce n'est pas une route où il faut amener le monde. Il faut plutôt montrer en exemple l'importance des marchés ouverts et leurs bénéfices mutuels", a estimé le dirigeant québécois.

Washington est le premier partenaire commercial de l'UE tous produits confondus. En 2017, les Européens ont écoulé, selon Eurostat, pour 375 milliards d'euros de produits aux Etats-Unis, leur premier marché d'exportation. Les Américains sont, à l'inverse, le deuxième pays qui importe dans l'UE, derrière la Chine, pour un montant total de 254 milliards d'euros. La balance commerciale, à 121 milliards d'euros, est donc très favorable aux Européens.

Quel impact des barrières douanières pour les sidérurgistes américains?

Les taxes américaines limiteront l'accès des sidérurgistes européens à leur troisième marché d'exportation, où ils vendent chaque année pour environ 5 milliards d'euros d'acier (1 milliard d'euros pour l'aluminium).

Une étude de l'agence Moody's relativise cependant cet impact. D'abord parce que les Européens n'exportent que 14% de leur acier vers les Etats-Unis. Ensuite parce qu'il s'agit d'un acier de très haute qualité, moins sensible aux prix que celui du Brésil, du Mexique ou de la Russie.

Les mesures américaines pourraient en revanche détourner vers l'Europe une production qui ne trouverait plus de débouchés aux Etats-Unis. Moody's craint la concurrence de la Corée du Sud et surtout de la Turquie, étant donné qu'Ankara bénéficie d'un accord douanier avec l'UE qui pourrait faciliter l'écoulement de sa production.

N.G. avec AFP