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Economie et Social

En Allemagne, la grogne sociale gagne le secteur de l'énergie

Les salariés de EON sont appelés à la grève pour de meilleurs salaires.

Les salariés de EON sont appelés à la grève pour de meilleurs salaires. - Patrik Stollarz - AFP

L'accord salarial arraché par les syndicats de la métallurgie fait des émules. Les salariés de l'énergéticien EON sont appelés à la grève pour faire pression sur le patronat.

La bataille allemande pour les salaires gagne le secteur de l'énergie, où les syndicats ont appelé vendredi à une "grève d'avertissement" chez EON, dix jours après l'accord inédit décroché dans la métallurgie par IG Metall.

Quelque 10.000 salariés de l'énergéticien EON en Allemagne sont appelés à cesser le travail "à partir de lundi" dans toutes les régions, a annoncé dans un communiqué le syndicat de la chimie IG BCE.

Il s'agit "d'augmenter la pression" sur les entreprises de la branche énergie, qui ont offert fin janvier "une hausse des salaires de 2,1% sur 18 mois", quand IG BCE et le syndicat des services Verdi réclament 5,5% d'augmentation.

"Les employeurs se sont braqués et ne tiennent compte ni de la bonne situation économique, ni de la productivité des salariés. Leur offre est totalement insuffisante", déplore Holger Nieden, qui mène les négociations pour l'IG BCE.

Le mouvement s'étend

Toujours dans l'énergie, d'autres grèves d'avertissement sont programmées la semaine prochaine chez PreussenElektra, spécialiste des centrales nucléaires, et au sein des fournisseurs d'électricité Avacon et Tennet.

Comme attendu par les observateurs, ce conflit s'inspire de la bataille menée avec succès par le puissant syndicat IG Metall dans la métallurgie, vaste branche comprenant notamment l'automobile. Après une série de grèves de plus en plus paralysantes pour le secteur, conformément au jeu habituel des négociations salariales en Allemagne, IG Metall a arraché la semaine dernière une hausse des salaires de 4,3%, après avoir initialement exigé 6%.

Dans la foulée, les fonctionnaires allemands ont à leur tour réclamé 6% d'augmentation, faisant ressurgir, en cas d'impasse, le spectre des grèves menées en 2016 dans les crèches et les aéroports. Les négociations les concernant débuteront le 26 février prochain.

L'évolution des salaires est suivie de près par les partenaires internationaux de l'Allemagne, qui souhaitent voir Berlin utiliser son excédent budgétaire record pour dépenser plus et stimuler les économies voisines. Elle est par ailleurs scrutée par la Banque centrale européenne, qui peine toujours à voir l'inflation en zone euro rejoindre son objectif, malgré la solidité de la conjoncture et du marché du travail censée stimuler les prix et les rémunérations.

Y.D. avec AFP