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En Argentine, Macri s’apprête à libéraliser à tout va

Mauricio Macri est au pouvoir depuis le 10 décembre dernier.

Mauricio Macri est au pouvoir depuis le 10 décembre dernier. - Eitan Abramovich - AFP

Le nouveau président de droite a notamment mis fin au contrôle des changes, et annoncé de nombreuses mesures en faveur des entreprises. Mais socialement, le choc pourrait être dur à encaisser.

Moins de taxes et d’impôts pour les entreprises, mais une inflation galopante et une concurrence étrangère accrue: voilà ce qui attend sans doute les Argentins dans les prochains mois. Car conformément à ses promesses de campagne, Mauricio Macri a entamé le détricotage de la politique protectionniste mise en place lors de la précédente mandature.

Le nouveau président de centre droit, au pouvoir depuis le 10 décembre, a ainsi adressé un premier signal aux puissants producteurs agricoles. Ces derniers, opposés à la gestion des Kirchner, attendaient un geste du gouvernement pour mettre sur le marché des millions de tonnes de céréales et de soja, générateurs de précieuses devises pour le pays sud-américain.

Leur voeu a donc été en partie exaucé, puisqu'il n'y aura plus de taxe sur les exportations de maïs et de blé, tandis que l'impôt sur les ventes de soja est ramené de 35 à 30%.

En outre, Mauricio Macri a annoncé aux industriels la disparition d'une taxe d'environ 5% sur le montant des exportations, leur demandant en contrepartie de faire un geste pour l’emploi.

En revanche, certains industriels voient d’un mauvais œil la levée des barrières douanières, redoutant la concurrence de produits étrangers.

Vers une explosion du coût de la vie?

Le gouvernement Macri ne s'est pas arrêté là, puisqu'il a également mis fin au contrôle des changes, une mesure emblématique de la présidente de gauche Cristina Kirchner, introduite en 2011 pour limiter la fuite des devises.

Mais cette annonce a mécaniquement entraîné une dévaluation du peso, qui a dégringolé jeudi, atteignant 15 pesos pour un dollar. De 1991 à 2001, le peso équivalait à un dollar. Et comme une dévaluation renforce automatiquement l'inflation, qui oscille entre 20 et 35% depuis huit ans, les Argentins vont voir bondir les prix.

Enfin, le gouvernement a averti que les subventions aux factures d'électricité, d'eau et de gaz, notamment dans l'agglomération de Buenos Aires, allaient être revues à la baisse ou limitées aux foyers les plus pauvres. Craignant un coût social, les cinq centrales syndicales se sont réunies pour la première fois depuis 12 ans, et une manifestation pour protester contre les premières mesures de Mauricio Macri est prévue jeudi en fin de journée dans la capitale. De quoi mesurer l’ampleur de la tâche du nouveau dirigeant.

Yann Duvert avec AFP