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Quels dénouements pour la crise grecque?

La réunion de la dernière chance entre la Grèce et ses créanciers a viré au scénario catastrophe, samedi. Quelle issue pour la Grèce ? Un accord est-il toujours possible? Nos experts décryptent la situation.

Après cinq mois de bras de fer, la rupture est consommée entre la Grèce et les partenaires de la zone euro. L'Eurogroupe a refusé de prolonger le plan d'aide et Athènes a repoussé les conditions imposées par ses créanciers. Comment sortir de cette impasse ?

Au cours d'une émission animée par Stéphane Soumier, Emmanuel Lechypre, éditorialiste BFM Business, Jean-Pierre Petit, président des cahiers verts de l'économie, Wilfrid Galand Directeur conseil en investissement chez Neuflize, OBC Christian Parisot, chef économiste chez Aurel BGC, ont échangé leurs points de vue. Caroline Morisseau, journaliste, en direct de Bruxelles et Benaouda Abdeddaim, éditorialiste BFM business, en direct d'Athènes ont fourni leur éclairage. 

Est-il choquant de faire appel à un référendum? 

L'annonce par Athènes, vendredi soir, de l'organisation d'un référendum sur les propositions des créanciers a été perçue par les membres de l'Eurogroupe comme une rupture unilatérale des négociations. Mais en Grèce aussi, l'annonce faite en milieu de nuit semble avoir manqué de préparation. "Une annonce qui a surpris l'État-major grec", a pu constater Benaouda Abdeddaim, éditorialiste BFM business en direct d'Athènes, qui ajoute que cela entraîne une certaine impréparation, notamment sur la tenue d'un plan B.

Il semblerait que le document portant les propositions de la Grèce, revenu de Bruxelles avec des annotations en rouge, a vexé le gouvernement Syriza. Celui-ci a été brandit sur les antennes grecques par les journalistes.

Avec ce référendum, le premier ministre entend mener un acte de réappropriation national en appelant les Grecs à voter non pour montrer une unité nationale. "Nous allons gagner cette bataille, notre challenge est historique" a déclamé le 1er ministre devant le parlement.

Quelle est la position des créanciers ?

"La BCE fait trop bien son travail" affirme Emmanuel Lechypre, en maintenant sous perfusion les banques depuis des mois, sans avoir de certitudes sur leur solvabilité. Mario Draghi se retrouve de fait dans une position inconfortable. Il est tiraillé entre le respect des traités et les enjeux politiques. Il ne met pas assez la pression sur les dirigeants européens qui ne veulent pas réformer. Or la BCE ne résout jamais les problèmes, elle donne juste du temps pour les régler", explique Emmanuel Lechypre. La BCE ne décidera pas toute seule de la sortie de l'Euro de la Grèce.

Du côté de l'Eurogroupe, les dirigeants européens ont toujours été très divisés sur le sort de la Grèce, avec les partisans d'une ligne dure, comme l'Allemagne et d'un autre côté des pays comme la France et l'Italie sont beaucoup plus indulgents. Michel Sapin a regretté que l'on ne puisse pas inclure la question de la renégociation de la dette dans cet accord.

De son côté le FMI n'a pas les mêmes intérêts que l'Europe et la Grèce. Le Fond monétaire reste ferme sur ses principes, "Christine Lagarde elle se fait le chantre des intérêts des contribuables qui payent pour les Grecs", souligne Jean-Pierre Petit.

La Grèce peut-elle sortir de la zone euro ?

La question est loin d'être tranchée, le gouvernement grec n'offre pas de réponse claire. Le référendum pose la question "Pour ou contre le plan présenté par les institutions", et ce n'est pas une question portée sur une sortie ou non de l'euro. D'ailleurs 70% des Grecs souhaitent rester dans la zone euro. Si le non au référendum l'emporte, cela signifie que le plan des créanciers est rejeté et de fait mettre fin au deuxième plan d'aide. Sans le soutien des institutions européennes le pays ne pourra pas faire face à l'échéance du 20 juillet, et la banque centrale européenne, elle ne pourra plus soutenir le pays. 

"Vous pensez que les instances européennes vont dire le lendemain même, c'est fini, il n'y a plus de relations avec la Grèce. Mais bien sûr que non, vu que le gouvernement grec va appeler, il va dire vous voyez on a fait appel au peuple, il n'est pas d'accord, mais on est prêt à négocier à tout moment", s'enflamme Jean-Pierre Petit.

La zone euro ne veut évidemment pas que la Grèce sorte pour des raisons politiques car cela va créer un précédent, cela remet en cause le principe de l'irréversibilité de l'union monétaire. Jean Pierre Petit. Il va y avoir encore plusieurs échéances pour négocier sur le sort de la Grèce, tempère Emmanuel Lechypre.