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Et si aller voir un match de foot devenait une bonne action?

L'ONU propose qu'aller au stade voir jouer son équipe de foot préférée s'accompagne d'une bonne action.

L'ONU propose qu'aller au stade voir jouer son équipe de foot préférée s'accompagne d'une bonne action. - Aleksandr Osipov - Flickr - CC

L'ONU propose de payer l'aide humanitaire grâce à une taxe prélevée notamment sur les billets pour assister à des matches de foot. L'organisation suggère également de puiser dans la finance islamique.

Vous pourriez devenir solidaire tout en supportant votre équipe de foot préférée. L'ONU suggère une "contribution volontaire" sous forme de taxe sur les transports, les matches de football ou les concerts pour combler le fossé grandissant entre besoins humanitaires et dons, dans un rapport publié dimanche. Les auteurs du rapport souhaitent aussi puiser dans la manne que représente la finance sociale islamique, alimentée par les aumônes musulmanes (zakat), et améliorer l'efficacité et la transparence des opérations humanitaires.

Les besoins humanitaires sont passés de 2 milliards de dollars en 2000 à 24,5 milliards quinze ans plus tard, sous l'effet de la multiplication des conflits et des catastrophes naturelles aggravées par le changement climatique, constatent-ils. En 2015, l'ONU n'a recueilli que la moitié des fonds demandés. Les rations alimentaires de 1,6 million de Syriens ont donc dû être réduites, ce qui a contribué à un exode massif vers l'Europe.

Quelques dollars sur des millions de billets

"Jamais le monde n'a été aussi généreux mais jamais non plus cette générosité n'a été aussi insuffisante", déplore la directrice de l'équipe qui a rédigé le rapport. Aider les victimes de conflits et de catastrophes est "moralement juste mais aussi dans notre intérêt comme l'a montré la crise migratoire". L'ONU veut s'attaquer au problème de trois côtés à la fois. Il faut d'abord "réduire les besoins" en prévenant mieux les conflits, en préparant et en aidant mieux les pays fragiles. Il faut aussi élargir le cercle des donateurs -cinq pays fournissent les deux-tiers de l'aide humanitaire publique- et trouver de nouvelles sources de financement.

Une des idées les plus concrètes est de créer une "taxe de solidarité" appliquée sur certains biens ou services. Comme Unitaid, une ONG qui a persuadé dix pays de prélever quelques dollars sur chaque billet d'avion pour lutter contre le paludisme ou le sida et qui a ainsi 1,6 milliard d'euros entre 2006 et 2011. "Une taxe de solidarité sur les voyages aériens ou le carburant pourrait financer des services médicaux" dans les camps de réfugiés ou les zones urbaines abritant de personnes déplacées, suggère le rapport.

"Il est possible de mettre en place une micro-contribution assise sur un énorme volume" de transactions, estiment les auteurs du rapport. Elle a cité en vrac le carburant, les concerts, les films ou les compétitions sportives, précisant que des contacts avaient été pris avec la Fédération internationale de football (Fifa). Mais l'exemple de la taxe Tobin sur les transactions financières montre à quel point "c'est une question difficile", note-t-elle.

"La finance islamique pas assez explorée"

Une autre option est de diriger vers les opérations humanitaires une partie des centaines de milliards de dollars brassés chaque année par les institutions financières islamiques. "La finance sociale islamique est un territoire qui n'est pas assez exploré", relève le rapport.

Enfin, l'ONU appelle donateurs et ONG à passer un "accord global": les premiers accepteraient des versements pluri-annuels et sans affectation spécifique, les secondes feraient des efforts de transparence, avec des méthodes comptables harmonisées et moins de bureaucratie et de gaspillage. Le rapport recommande aussi d'impliquer davantage les ONG locales et le secteur privé, pas seulement pour donner de l'argent mais pour fournir une expertise et des services.

Au final, ce sont des milliards de dollars qui pourraient être récoltés, notamment entre 4 et 5 milliards en améliorant la prévention des conflits et des catastrophes, ou 3 à 5 milliards provenant de la finance islamique, et au moins 500 millions en gains d'efficacité et en réduction de coûts.

N.G. avec AFP