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Etats-Unis: La Fed va dépenser 40 milliards de dollars par mois pour relancer l'emploi

La Fed a décidé de sortir son bazooka pour la troisième fois

La Fed a décidé de sortir son bazooka pour la troisième fois - -

La Réserve fédérale américaine a annoncé de nouvelles mesures exceptionnelles, jeudi 13 septembre, pour redynamiser l’économie américaine et faire reculer le chômage. Son effort sera cette fois porté sur des titres dérivés de créances immobilières, et durera jusqu’à ce que l’emploi américain s’améliore.

Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) l’a redit: “La situation de l’emploi reste un motif de grande inquiétude”. C’est donc bien pour lutter contre le chômage que la Fed va lancer un nouveau programme d’assouplissement monétaire (“Quantitative easing”), le troisième du nom (QE3), également qualifié de “bazooka” par les analystes.

Concrètement, ce plan va cette fois être ciblé sur l’immobilier. L’institution américaine va ainsi racheter des titres de dettes adossés à des créances immobilières (MBS pour “Mortgage Backed Securities”) émises par les organismes parapublics Fannie Mae et Freddie Mac. Elle le fera à raison de 40 milliards de dollars de rachats par mois. Le but est de pousser encore plus bas les taux d’intérêts pour redynamiser le marché immobilier, actuellement en berne aux Etats-Unis, et espérer ainsi des retombées importantes sur l’emploi américain. Ou pour reprendre les mots de Ben Bernanke "pousser [l'économie] dans la bonne direction pour être sûr qu'elle ne stagne pas" et “accélérer” son rétablissement.

Un programme sans limite de montant ou de durée

Détail important : ce programme de rachats de créances n’a pas d’horizon défini. Dans son communiqué, la Fed précise qu’il se poursuivra tant “que les perspectives du marché de l’emploi ne s’améliorent pas substantiellement”; et la Fed “emploiera d’autres instruments appropriés jusqu’a ce que de telles améliorations soient effectives dans un contexte de stabilité des prix”. Avec un taux de chômage américain à 8,1% de la population active et des créations d’emploi en fort ralentissement, autant dire que cette nouvelle perfusion accordée à l’économie américaine risque de durer de longs mois.

La Fed rompt également avec les programmes précédents où elle rachetait des titres de dette de l’Etat américain, et non des créances hypothécaires. Mais pour Joseph LaVorgna, chef économiste à la Deutsche Bank, cité par CNBC, “la Fed donne des indices forts qui signalent qu’elle va ensuite racheter des bons du trésor américain” et se rapprocher ainsi de ses actions précédentes.

En plus de ces rachats de titres, la Fed va poursuivre son “Twist”, c’est-à-dire continuer de vendre des bons du trésor américain à court terme pour racheter des titres à plus long terme. Cette dernière opération est nulle comptablement pour son bilan, mais elle permet, là aussi, de tirer les taux longs vers le bas, et donc, de relancer de l’investissement et l’immobilier.

Enfin, l’institution américaine a annoncé qu’elle maintiendra sa politique de taux de refinancement exceptionnellement bas (entre 0 et 0,25%) au moins “jusqu’en 2015”. Le crédit américain va donc encore être soutenu pendant au moins trois ans.

Des effets difficiles à évaluer

En définitive, la Fed livre un package de mesures avec l’espoir que les taux baisseront, entraînant la remontée de l’emploi. Ce qui est discutable. Les effets des précédentes vagues d’assouplissement monétaires sont encore âprement débattus. Dans une étude de 2011,les économistes de Natixis estiment que si la première vague a eu globalement des conséquences positives pour l’économie américaine, le diagnostic est moins évident pour la seconde. Ils soulignent également que “la transmission de la politique monétaire à l’économie réelle est relativement longue (18 à 24 mois)”. Ce QE3 risque de ne pas échapper à la règle.

Les marchés, eux, ont clairement salué l’annonce de la Fed. Wall Street a ainsi atteint des nouveaux plus hauts historiques. Le Dow Jones a gagné 1,55% à 13 539 points, un record depuis décembre 2007, et le Nasdaq a progressé de 1,33% à 3155 points, un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis novembre 2000.

Julien Marion