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Faut-il craindre une crise des subprimes à la chinoise?

La Chine laissera désormais les entreprises de secteurs en surcapacités comme le solaire aller à la banqueroute.

La Chine laissera désormais les entreprises de secteurs en surcapacités comme le solaire aller à la banqueroute. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a prévenu, jeudi 13 mars, que les faillites d'entreprises allaient se multiplier et que Pékin laisserait faire. Faut-il craindre une nouvelle crise mondiale venue d'Asie?

La République populaire de Chine continue de laisser le marché jouer un plus grand rôle dans son économie. Le Premier ministre chinois l'a encore prouvé, jeudi 13 mars. Les faillites vont se multiplier, et elles sont inévitables, a indiqué Li Keqiang. Et les autorités n'interviendront plus pour éviter les défauts de paiement des entreprises, a-t-il assuré, en clôture du congrès annuel de l'Assemblée populaire nationale (APN) l'organe suprême du pouvoir.

Le Financial Times évoque ce vendredi 14 mars un "instant Lehman" en Chine, du nom de cette banque américaine séculaire, gavée de subprimes, dont la faillite en 2007 a provoqué un blocage du système financier et bancaire, et marqué la fin du "too big to fail".

Aujourd'hui, ce sont bien des créances douteuses qui focalisent les inquiétudes de Pékin. Mais les similitudes s'arrêtent là.

Le shadow banking dans le viseur

Les crédits en question ont été contractés par des entreprises dont le "taux d'endettement a fortement augmenté", souligne Christine Peltier, analyste chez BNP Paribas - études économiques. Dans le même temps, le risque crédit a crû en raison du ralentissement de la croissance chinoise, et de "la montée tendancielle des taux d'intérêt", continue-t-elle.

En parallèle, le shadow banking à la chinoise s'est développé depuis cinq ans. Ces financements hors bancaires - prêt des fonds fiduciaires, crédit inter-entreprises, micro-finance... - sont soumis à une réglementation peu stricte, et donc ouverts à des clients à risque.

Pour autant, "les autorités chinoises ne sont pas près de laisser des grosses structures publiques faire faillite", assure l'analyste de BNP Paribas.

Des faillites... au cas par cas

Le gouvernement cherche simplement à réguler, notamment la "finance de l'ombre", et à faire baisser le taux d'endettement des entreprises. L'exécutif chinois montre sa détermination à "mener des réformes structurelles, à introduire de la discipline dans les pratiques financières", poursuit-elle.

Pour cela, il est prêt à laisser "de petites entreprises, des banques régionales, des établissements de shadow banking" fermer boutique, indique Christine Peltier. Comme l'entreprise de panneaux solaires Chaori, intervenue la semaine dernière, devenant le tout premier cas d'entreprise incapable d'honorer un remboursement de sa dette en Chine continentale.

Des faillites désormais acceptées, donc, mais dans un seul périmètre: celui des entreprises mal gérées, dans des secteurs en surcapacités, en difficultés structurelles. Et à condition que l'impact sur l'économie soit mineur. En somme, "les autorités vont gérer au cas par cas".

Nina Godart