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France-Algérie : des perspectives pour les entreprises tricolores

François Hollande effectue sa première visite officielle en Algérie ce mercredi .

François Hollande effectue sa première visite officielle en Algérie ce mercredi . - -

François Hollande se rend en visite officielle en Algérie à partir de ce mercredi. Pendant 2 jours, le Président va tenter d’apaiser les tensions du passé pour relancer les échanges économiques entre les deux pays.

Pour son premier voyage officiel en Algérie, qui débute ce mercredi 19 décembre, François Hollande vient accompagné d’une délégation à la mesure des enjeux de cette rencontre. Près de 200 personnes, dont une quarantaine de chefs d’entreprise, vont le suivre pendant deux jours.

Car les relations franco-algérienne sont marquées du poids d’un passé colonial que 50 ans n’ont pas suffi à effacer. François Hollande et son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, vont donc chacun devoir donner des preuves d’apaisement pour qu’enfin, les deux nations se construisent un futur commun. Celui-ci comprendra assurément un important volet économique. Car la France et l’Algérie ont tous deux intérêts à se rapprocher davantage l’un de l’autre.

La France, premier fournisseur de l'Algérie...

En termes d'échanges, l’Hexagone se place devant l’Italie et la Chine. Alors que l’Europe tourne au ralenti, l’Algérie offre donc un beau potentiel de développement. En 2011, les exportations ont connu une hausse de 15% pour atteindre un peu plus de 7 milliards de dollars. Ce sont surtout des biens alimentaires (les cérales et les produits laitiers) qui ont dopé les chiffres. Cette hausse est, en effet, due à la hausse des cours des denrées alimentaires, mais aussi à l'une augmentation de la demande.

Le pays est également très demandeur de véhicules de tourisme, qui ont représenté un montant de 677 millions d’euros en 2011. (voir encadré).

... et l'Hexagone quatrième client de l'Algérie

Les exportations algériennes vers la France ont bondi de 75 % en 2011 et représente un marché de 6,6 milliards de dollars. Ce sont pour l’essentiel le fait des hydrocarbures et de produits dérivés avec le pétrole (53,3%) le gaz naturel (37%) ainsi que des produits issus du raffinement du pétrole (6,7%).

Longues tractations

Grace à sa production d’hydrocarbure, l’Algérie dispose du PIB le plus élevé d’Afrique du Nord : pour 2012, il devrait d’établir à 206,5 milliards de dollars, soit plus de 5 600 dollars par habitant.

De ce fait, le pays bénéficie d’une santé financière qui a de quoi faire des envieux : il dispose de réserves de change qui couvrent plus de 3 années d’importations (186,32 milliards de dollars au 30 juin 2012) et de comptes publics relativement équilibrés.

En revanche, sa croissance de 2,5 % reste en dessous de son potentiel. Rien d’étonnant à ce que le taux de chômage soit aussi élevé : il touche presque 10 % de la population active mais 20% des jeune sur deux sont sans emploi.

Pour l’Algérie il est essentiel de se doter d’infrastructures et de développer le secteur de l’industrie et des services (voir encadré). Mais les règles sont drastiques, puisque le pays impose le transfert de technologies aux sociétés qui souhaitent s’implanter sur son sol. Elles sont aussi bridées dans leurs investissements en raison du cadre législatif qui leur interdit de posséder plus de 49 % du capital d’une société locale.

Mais parfois, après de longues tractations, certains contrats peuvent aboutir. Le métro d’Alger a ainsi été construit Alstom et la Ratp. Et BNP Paribas a su se créer une place dans le pays.

Lafargue va signer ces prochains jours un contrat avec le Groupe Industriels des Ciments d’Algérie, pour construire une usine. Sanofi est aussi sur le point de nouer un partenariat avec Faidal. D’autres devraient être annoncés.

Le titre de l'encadré ici

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De forts débouchés pour l'automobile

L’Algérie a multiplié par 10 ses importations de véhicules de tourisme au cours des années 2000. Une demande qui a fortement bénéficié aux constructeurs français, mais qui tend à décliner. En 2002, les voitures françaises représentaient 68,5% des importations, désormais elles atteignent seulement 10,5%.

Renault a décidé d’implanter une usine sur le sol algérien, à Oran. Elle devrait produire des modèles spécifiques pour le marché local, conçu à partir de la Clio. Elle sera opérationnelle en 2014 : 25 000 véhicules sortiront chaque année de ses chaines, et la production pourra être portée à 75 000 exemplaires selon la demande.

Le titre de l'encadré ici

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L’Algérie en manque d'entreprises

L’Algérie compte environ 700 000 PME, dont 95 % d’entre elles emploie moins de 10 personnes, et sont donc dirigées de manière « familiale ». Elles utilisent donc souvent des infrastructures et des technologies anciennes, et font appel à une main d’œuvre peu qualifiée.

Le pays compte 15 PME pour 1 000 habitants, c’est 5 fois moins que la moyenne rencontrée dans les pays émergents. De plus, ces entreprises ont un champ d’activité local ou national, mais pas international.

Moins d’une centaine de PME sont exportatrices. L’état a mis en place ces dernières années divers plans d’aide et de financement, dont les premiers résultats s’avèrent mitigés.

Coralie Cathelinais