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George Osborne présente un budget de rigueur en Grande-Bretagne

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La Grande-Bretagne annonce des mesures pour lutter contre l'austérité.

Le gouvernement britannique a annoncé mercredi 21 mars la baisse du taux supérieur de l'impôt sur le revenu et de nouvelles taxes sur les gros patrimoines en dévoilant un budget censé assurer une meilleure répartition du fardeau de l'austérité tout en confortant la réduction annoncée du déficit.

La Grande-Bretagne devrait éviter une nouvelle récession, a déclaré le ministre des Finances, George Osborne, expliquant que la croissance resterait modeste cette année avant de s'amplifier l'an prochain.

La coalition gouvernementale rassemblant les Conservateurs et les Libéraux-Démocrates a fait de l'éradication d'ici cinq ans du déficit (qui culminait à 11% du PIB avant son arrivée au pouvoir) son principal objectif. Les dernières prévisions suggèrent que l'économie du Royaume-Uni reste en mesure de l'atteindre.

Mais la rigueur affichée prive le gouvernement de David Cameron de marge de manoeuvre financière pour doper la croissance alors que l'économie n'a pas totalement récupéré de la crise et de la récession de 2007-2009.

Mesure emblématique du projet de budget présenté mercredi: la tranche d'imposition de 50% pour les contribuables dont le revenu annuel dépasse 150.000 livres (180.000 euros), introduite par le précédent gouvernement travailliste, sera ramenée à 45% à partir d'avril 2013. Une disposition qui coûtera au maximum 100 millions de livres sterling selon le ministre des Finances, mais qui devrait satisfaire l'électorat conservateur.

Parallèlement, le seuil minimal d'imposition sera porté l'an prochain à 9.205 livres de revenu annuel (11.000 euros), un relèvement souhaité par les "Lib-Dem" et qui se révèle plus élevé que prévu.

Le taux de l'impôt sur les sociétés (IS) sera lui ramené de 26% à 24% dès le mois prochain et à 22% d'ici à 2014.

Pour financer ces mesures, un droit de timbre de 7% sera prélevé sur les ventes de biens fonciers et immobiliers supérieures à deux millions de livres. En outre, la taxe sur les banques sera portée à 0,105% à compter de janvier 2013, de manière à ce que la réduction de l'IS ne profite pas aux banques.

"Nous allons lever cinq fois plus d'argent chaque année auprès des plus fortunés de notre société", a souligné George Osborne dans un communiqué aussitôt contesté par l'opposition.

SOUS LA PRESSION DU TRIPLE A

"Sur quelle planète vivent-ils, lui et le Premier ministre ? (...) Comment la priorité peut-elle être donnée à une baisse d'impôt pour le 1% des plus riches ?", a déclaré Ed Milliband, le leader du Parti travailliste, tandis que les syndicats dénonçaient un budget "pour les riches parmi les riches".

Conscient des risques qui pèsent sur la note souveraine "triple A" du Royaume-Uni, George Osborne a insisté sur le fait qu'aucune marge de manoeuvre ne permettait de revenir sur les réductions de dépenses sans précédent destinés à juguler la dette publique.

Une situation qu'est venue souligner, quelques heures avant la présentation du budget, l'annonce d'un déficit budgétaire record en février, conséquence d'une baisse des recettes fiscales et d'une hausse des dépenses publiques.

"Ce budget réaffirme notre engagement indéfectible à faire face à l'endettement record de la Grande-Bretagne", a dit le ministre des Finances.

En dépit des risques liés, entre autres, à la crise de la zone euro, l'économie britannique devrait enregistrer une croissance de 0,8% cette année et celle-ci devrait ensuite s'amplifier pour atteindre 3,0% en 2015, a-t-il ajouté. Des chiffres que nombre d'économistes jugent optimistes.

Les nouveaux emprunts nets du Trésor, eux, devraient revenir de 126 milliards de livres (151 milliards d'euros) sur l'exercice budgétaire 2011-2012 à 21 milliards en 2016-2017, selon les prévisions de l'Office for Budget Responsibility (OBR), un organisme dépendant du gouvernement.

Plusieurs agences de notation ont averti que Londres risquait de perdre sa note AAA, une menace que seule la détermination affichée du gouvernement à réduire les déficits semble tenir à distance pour l'instant.

Le budget a été salué par le patronat britannique mais plusieurs analystes politiques estiment que le jugement de l'opinion publique pourrait être plus mitigé.

"Il ne fait aucun doute qu'en faisant cela, il prend un gros risque politique", estime ainsi John Curtice, professeur à la Strathclyde University.

Le ratio dette/PIB du royaume devrait culminer à 76,3% en 2014-2015 avant de refluer.

"Nous continuons de penser que les prévisions de croissance de l'OBR semblent optimistes et que le gouvernement aura bientôt du mal à faire diminuer les emprunts", a commenté Vicky Redwood, économiste chez Capital Economics. "Pour l'instant, toutefois, le statut (AAA) du Royaume-Uni semble garantie."

L'agence de notation Fich a estimé mercredi soir que le budget 2012 était neutre au regard de la note AAA du pays.

Marc Joanny et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Danielle Rouquié

BFM Business et Reuters