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Grèce: Berlin dénonce "la faute" de Tsipras

Alexis Tsipras s'est mis une partie de ses voisins européens à dos.

Alexis Tsipras s'est mis une partie de ses voisins européens à dos. - Luisa Gouliamaki - AFP

Le gouvernement allemand a jugé que le Premier ministre grec a commis "une faute" en accusant le Portugal et l'Espagne de s'être ligués contre la Grèce. Ce qui remet un peu d'huile sur le feu entre Athènes et Berlin.

Le dialogue entre Berlin et Athènes était déjà houleux. Il est encore monté d'un cran ce lundi 2 mars. Ainsi l'exécutif allemand n'a guère goûté aux déclarations d'Alexis Tsipras, prononcées deux jours auparavant.

Samedi, le Premier ministre grec avait accusé l'Espagne et le Portugal de s'être ligués contre la Grèce, et de précipiter ainsi l'asphyxie financière du pays.

Cette déclaration d'Alexis Tsipras "était une faute très inhabituelle selon les critères européens. Cela ne se fait pas dans l'Eurogroupe", a déclaré Martin Jäger, porte-parole du ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, lors d'une conférence de presse.

Soutenir la Grèce n'est pas "une décision facile"

Les relations entre Berlin et Athènes se sont nettement tendues depuis l'arrivée au pouvoir en Grèce de la gauche radicale Syriza, qui a promis de remettre en cause la politique de réformes économiques défendue par l'Allemagne en Europe.

Les députés allemands avaient approuvé vendredi la prolongation d'un programme européen de soutien financier à la Grèce, malgré de fortes réticences dans la population allemande.

Wolfgang Schäuble a lui-même affirmé que ce soutien à la Grèce n'était "pas une décision facile", notamment en raison des prises de position récurrentes du gouvernement grec contre les contreparties aux aides financières imposées par les créanciers (UE, FMI, BCE).

Martin Jäger a pris lundi la défense de l'Espagne et du Portugal. Ces deux pays "sont des partenaires avec lesquels nous coopérons très étroitement. Nous avons une très haute reconnaissance pour ce qu'ils ont réussi sur la voie des réformes ces dernières années", a-t-il dit. Interrogé sur la confiance que l'Allemagne pouvait placer dans les engagements de réformes arrachées à la Grèce après d'âpres négociations, Martin Jäger n'a pas caché les doutes de son ministre. "c'est un fait que beaucoup de confiance a été perdue ces dernières semaines", a-t-il déclaré.

"Nous n'avons pas d'autre choix pour l'instant que de nous référer à ce qui a été mis par écrit et la déclaration de l'Eurogroupe sur le cas de la Grèce est sans ambiguïté. Nous veillerons avec beaucoup de soin, à chaque étape du processus, à ce que ce qui a été convenu ensemble soit mis en oeuvre", a-t-il dit.

L'asphyxie financière

Le compromis conclu par Alexis Tsipras à Bruxelles pour prolonger l'aide européenne à la Grèce est contesté dans ses propres rangs et a fait descendre des manifestants dans la rue. Samedi, il a accusé l'Espagne et le Portugal d'avoir voulu conduire son pays à "une asphyxie financière" lors des négociations.

"Ces puissances ne souhaitaient pas que l'exemple grec ait une influence sur d'autres pays, surtout dans la perspective des élections en Espagne" prévues pour novembre, et en septembre ou octobre au Portugal, a-t-il dit. L'Espagne et le Portugal lui ont répliqué vertement dimanche et ont protesté officiellement auprès de Bruxelles. Madrid a appelé le Conseil européen et la Commission européenne à "condamner les déclarations" d'Alexis Tsipras, selon une source du gouvernement espagnol.

J.M. avec AFP