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Grèce: ce qui attend désormais Tsipras

Alexis Tsipras va faire face à plusieurs rendez-vous d'envergure avec les créanciers

Alexis Tsipras va faire face à plusieurs rendez-vous d'envergure avec les créanciers - Aris Messinis - AFP

Après son triomphe électoral, le Premier ministre grec va désormais devoir faire face à un ensemble d'échéances cruciales pour valider le plan d'aide délivré par les créanciers de la Grèce, l'été dernier.

Alexis Tsipras a finalement réussi son pari. Le Premier ministre grec sortant a vu son parti Syriza arriver en tête des sondages lors des législatives greques (35% des votes), lui permettant de reformer son alliance gouvernementale avec le parti souverainiste Anel.

Une victoire qui va donc permettre au Premier ministre sortant de renforcer sa légitimité, alors que des échéances cruciales l'attendent. Car la question la plus importante est "désormais de savoir si le nouveau gouvernement va être capable de réussir la première évaluation liée au plan de sauvetage", explique Mujtaba Rahman, le chef Europe de la société de conseil politique Eurasia Group, cité par Bloomberg. "De cela va dépendre la stabilité économique et politique", ajoute-t-il.

En effet, comme le rappellent les Echos, le troisième plan d'aide accordé par les créanciers européens cet été, d'une enveloppe de 86 milliards d'euros, fonctionnent comme le précédent. C'est-à-dire que cette aide est débloquée par tranche, et qu'un examen des progrès accomplis par la Grèce est effectué à chaque fois.

La tranche n'est débloquée que si les progrès sont jugés suffisants. Une liste de 45 réformes doit ainsi être adoptée par le Parlement grec en vue de ce premier contrôle, selon les Echos. La première de ces évaluations doit avoir lieu avant la fin de l'année, le plus vraisemblablement en octobre prochain. C'est en tout cas ce qu'expliquait le ministre luxembourgeois des Finances Pierre Gramegna à l'agence Reuters il y a deux semaines.

Ce premier examen risque de prendre du temps car cela "sera l'occasion de négocier", affirmait une source européenne, également à Reuters.

L'interminable dossier de la dette

Une fois passée ce premier rendez-vous, Alexis Tsipras va s'atteler à un sujet des plus sensibles: la restructuration de la dette grecque. Il y a consensus pour dire la dette grecque est actuellement à un niveau insoutenable (actuellement à 175% du PIB). Les divergences se situent sur les solutions à adopter: le gouvernement grec a plusieurs fois demandé un "haircut", c'est-à-dire un effacement de dette pur et simple.

Une solution aujourd'hui écartée par la créancier car, comme l'expliquait le ministre allemande des Finances Wolfgang Schäuble, elle est contraire aux traités européens qui interdisent à un autre Etat européen de prendre à sa charge la dette d'un autre pays. Faut-il en revanche allonger la période de grâce (pendant laquelle la Grèce ne rembourse pas), diminuer les taux d'intérêts, ou augmenter les maturités? Ces pistes sont en tout cas sur la table. Evidemment les négociations sur ce dossier dépendront de l'issue des discussions sur la première évaluation du plan.

En sus de ces rendez-vous avec les créanciers, Alexis Tsipras va devoir mener à bien la recapitalisation des banques grecques. Les établissements helléniques ont effet vu leurs dépôts fondre durant la crise de près de 44 milliards d'euros. En plus, les crédits douteux (crédit risqués), atteignent 30% du total de leur bilan, comme l'explique le Financial Times. La Banque centrale européenne est actuellement en train d'examiner les besoins des banques grecques. Sur les 86 milliards d'euros prévus par le plan d'aide, 25 milliards d'euros doivent être dévolus à la recapitalisation des banques.