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La Grèce plombée par l'abaissement de sa note par S&P

Les obligations et valeurs bancaires grecques et les Bourses européennes ont de nouveau plongé mardi, en réaction à l'abaissement des notes de la Grèce et du Portugal par Standard & Poor's, un geste qui ne peut que raviver les inquiétudes des investisseur

Les obligations et valeurs bancaires grecques et les Bourses européennes ont de nouveau plongé mardi, en réaction à l'abaissement des notes de la Grèce et du Portugal par Standard & Poor's, un geste qui ne peut que raviver les inquiétudes des investisseur - -

ATHENES - Les obligations et valeurs bancaires grecques et les Bourses européennes ont de nouveau plongé mardi, en réaction à l'abaissement...

ATHENES (Reuters) - Les obligations et valeurs bancaires grecques et les Bourses européennes ont de nouveau plongé mardi, en réaction à l'abaissement des notes de la Grèce et du Portugal par Standard & Poor's, un geste qui ne peut que raviver les inquiétudes des investisseurs.

Standard & Poor's a rétrogradé la note souveraine de la Grèce en catégorie spéculative à BB+, soutenant que cette dégradation reflète les difficultés politiques et économiques que la Grèce rencontre pour réduire sa dette publique.

L'agence de notation maintient également des perspectives négatives, ce qui implique un nouveau risque de dégradation. Une telle décision pourrait être prise si la capacité du gouvernement à mettre en oeuvre des réformes budgétaires et structurelles était réduite, a expliqué Standard & Poor's.

Elle ajoute toutefois que ce nouveau rating n'implique pas qu'un défaut ou une restructuration de la dette grecque soit imminent.

Les mauvaises nouvelles qui s'accumulent autour de la question grecque pourraient bien faire se réaliser les craintes d'une propagation de ces difficultés aux économies dites périphériques de la zone euro.

Le Portugal a ainsi vu sa note souveraine à long terme être dégradée de deux crans, à A- contre A+. Standard & Poor's a justifié cette décision par le niveau élevé de la dette publique et la faiblesse des perspectives économiques et évoque dans un communiqué les "risques budgétaires accrus" auxquels sont confrontées les autorités portugaises.

Elle dit aussi que, pour ces deux pays, ce déclassement s'explique enfin par le fait que les ajustements budgétaires requis dépassent les objectifs qui ont déjà été fixés.

Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker n'a pas souhaité commenter la décision de Standard & Poor's concernant le Portugal, soulignant toutefois que la situation de ce pays n'était pas comparable à celle de la Grèce.

Pour George Papaconstantinou, le ministre des Finances grec, la décision de Standard & Poor's ne reflète pas les fondamentaux économiques du pays et ne prend pas en compte le mécanisme d'aide mis au point par l'Europe et le FMI.

Au vue de l'urgence de la situation, le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne s'attachent à débloquer la situation au plus vite, suivant un document du gouvernement allemand obtenu par Reuters.

Selon ce document, les discussions avec le FMI et la CE devraient en principe se conclure le 2 mai et la première tranche d'une aide internationale pour la Grèce devrait être versée avant le 19 mai, date à laquelle Athènes devra refinancer 8,5 milliards d'euros de dettes. .

Enfin, selon des sources proches de la présidence de l'Union Européenne, un sommet pourrait également avoir lieu le 10 mai pour déclencher le dispositif d'aide.

PAS DE RESTRUCTURATION DE LA DETTE

Dans un tel contexte, les marchés ont continué à plomber les actifs grecs. Les swaps de défaut de crédit (CDS) à cinq ans sur la dette grecque ont inscrit un nouveau record de 821 points de base (pdb). L'écart de rendement entre obligations grecques et allemandes à 10 ans est quant à lui monté jusqu'à 718 pdb.

Dans le même temps, les CDS portugais à cinq ans atteignaient un record de 370,3 pdb. Les Bourse européennes ont également accusé le coup, l'indice européen FTSEurofirst 300 cédant 3% et le CAC-40 3,8%. L'euro s'est déprécié contre le dollar, approchant d'un plus bas d'un an.

Un responsable de la Commission européenne a toutefois affirmé qu'une restructuration de la dette n'était pas à l'ordre du jour. "Je vais être très clair : le plan ne prévoit pas de restructuration de la dette. C'est l'un des problèmes qui créent de l'incertitude sur les marchés", explique Marco Buti, directeur général du département des affaires économiques et monétaires de la CE.

George Papaconstantinou a ajouté que l'Etat se portait garant des dépôts des banques grecques et que les discussions avec l'UE et le FMI ne portaient pas sur la restructuration de la dette grecque.

Ce dernier point a été confirmé par Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances allemand, qui a également dit que l'Allemagne ne laisserait pas tomber la Grèce et que Berlin appelait à une décision rapide sur le déclenchement de l'aide.

Le Fonds monétaire international (FMI) envisage d'augmenter de 10 milliards d'euros sa contribution au mécanisme d'aide à la Grèce mis au point avec l'Union européenne, rapporte mardi le Financial Times.

Le FMI est ainsi en discussions en vue de porter sa part à 25 milliards d'euros, poursuit le quotidien, citant des banquiers et des officiels à Washington et Athènes.

Actuellement le plan d'aide, auquel la Grèce a fait appel, porte sur 45 milliards d'euros, dont un tiers à la charge du FMI, le solde devant être supporté par les membres de la zone euro.

Un expert budgétaire des libéraux-démocrates (FDP), alliés de la coalition au pouvoir de la chancelière Angela Merkel, est allé encore plus loin, agitant mardi le spectre d'une sortie temporaire de la Grèce de la zone euro.

Selon Jürgen Kloppen, une telle issue pourrait se révéler salvatrice pour Athènes qui pourrait ainsi dévaluer sa monnaie en toute liberté et doper ses exportations.

Cette solution a été écartée à de nombreuses reprises par plusieurs dirigeants européens, qu'il s'agisse du président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet ou de celui de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker.

Dave Graham à Berlin, William James à Londres, George Georgiopoulos à Athènes, Nicolas Delame et Catherine Monin pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat.