BFM Business
Economie et Social

Immobilier, sodas: 2017, année des taxes au Portugal

Le Portugal tente de rassurer Bruxelles.

Le Portugal tente de rassurer Bruxelles. - Patricia de Melo Moreira - AFP

Le gouvernement portugais a décidé de taxer le patrimoine immobilier des contribuables fortunés. Par ailleurs, il introduit une taxe sur les boissons sucrées non-alcoolisées.

Le gouvernement du Portugal a présenté un projet de budget pour 2017 qui vise à rassurer Bruxelles et les marchés sur sa détermination à juguler les déficits. Pour cela, il prévoit notamment plusieurs taxes.

Le Portugal prélèvera à partir de 2017 une taxe sur le patrimoine immobilier des contribuables fortunés, d'une valeur fiscale supérieure à 600.000 euros. Cet impôt servira à financer le système de retraite du Portugal, avait annoncé en milieu de journée le Premier ministre socialiste Antonio Costa. "La taxation des grandes fortunes immobilières servira à renforcer la pérennité de notre système de Sécurité sociale et contribuera à la justice fiscale", a-t-il déclaré devant les députés.

Si la valeur fiscale de la totalité des actifs immobiliers d'un propriétaire dépasse 600.000 euros, un taux de 0,3% sera prélevé sur la partie supérieure à ce seuil, selon le projet de budget. La recette de cette taxe, soit 160 millions d'euros par an, "permettra d'augmenter les retraites", a précisé Catarina Martins, dirigeante du Bloc de gauche, un des alliés du gouvernement.

Colère du secteur immobilier

Ce projet, à l'étude depuis septembre, a suscité l'ire du secteur immobilier, au moment où des investisseurs et particuliers étrangers affluent au Portugal pour acquérir des maisons et appartements. Au premier rang des acheteurs étrangers figurent les Français (27%), dont de nombreux retraités attirés par des exonérations fiscales, suivis des Anglais (18%) et des Chinois (13%). "C'est une attaque fiscale sans précédent contre le secteur immobilier" alors que "le marché était en pleine croissance, attirant toujours plus d'investissement étranger", s'est insurgé l'Association des propriétaires lisboètes (ALP). "Avec cette mesure, le gouvernement se tire une balle dans le pied. Le Portugal ne peut pas changer constamment les règles du jeu", a commenté à l'AFP Henrique Moser, avocat du cabinet Telles, spécialisé dans l'immobilier.

Le seuil de 600.000 euros permettra toutefois d'épargner la plupart des bénéficiaires des visas "gold", des permis de séjour accordés à des investisseurs non-européens qui gagnent ainsi accès à l'espace Schengen. Pays en mal d'investissement, le Portugal octroie depuis fin 2012 ces visas à des candidats prêts à débourser au moins 500.000 euros pour un achat immobilier, investir au moins un million d'euros ou encore créer dix emplois. En quatre ans, 3.888 visas "dorés", soit un investissement de 2,37 milliards d'euros, ont été accordés, dont 2.879 à des Chinois, suivis des Brésiliens et des Russes.

Autre coup dur pour l'investissement immobilier, le gouvernement a décidé d'augmenter le niveau d'imposition des locations touristiques, qui bénéficiaient jusqu'ici de taux inférieurs à ceux de la location de longue durée. Cette mesure intervient alors que le nombre de touristes hébergés à Lisbonne via la plateforme de location de logements entre particuliers, Airbnb, a doublé en 2015, à 433.000 personnes contre 213.000 l'année précédente.

Taxe sur les boissons sucrées

Par ailleurs, le Portugal introduira en 2017 une taxe sur les boissons sucrées non-alcoolisées, dont les recettes prévues de 80 millions d'euros seront affectées au Service national de santé. Le gouvernement prélèvera à partir de l'année prochaine 8,22 euros par hectolitre de boisson dont la teneur de sucre est inférieure à 80 grammes par litre, et 16,46 euros par hectolitre au-delà de ce seuil.

L'impôt s'élèvera ainsi à 5,5 centimes d'euro pour une canette de Coca-Cola de 33 centilitres, qui contient 35 grammes de sucre. Cette nouvelle taxe s'appliquera uniquement aux sodas, et pas aux boissons sucrées à base de lait ou de jus de fruit comme l'avait envisagé le gouvernement dans un premier temps.

D. L. avec AFP