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Indépendance: après l'Ecosse, la Catalogne n'abdique pas

Un homme porte des baskets aux couleurs du drapeau catalan, pendant une manifestation devant le Parlement catalan en 2012.

Un homme porte des baskets aux couleurs du drapeau catalan, pendant une manifestation devant le Parlement catalan en 2012. - Quique Garcia - AFP

Les Ecossais ont finalement voté non à l'indépendance. Les Catalans eux ne renoncent pas, la région ayant voté une loi autorisant une consultation sur l'indépendance, ce vendredi 19 septembre. Mais l'organisation d'un tel évènement en Espagne se heurte à nombre d'obstacles.

Le président de l'exécutif catalan a annoncé ce 19 septembre qu'il a signé le décret de convocation d'un référendum sur l'indépendance de la Catalogne pour le 9 novembre. Il se montre résolu, malgré l'échec des indépendantistes en Ecosse officialisé ce jeudi au lendemain d'un référendum d'autodétermination. Pour sa part, le chef du gouvernement espagnol appelle à prendre en compte ce résultat.

Mariano Rajoy est le seul dirigeant européen à avoir mis autant de solennité et de détails dans l'expression de sa satisfaction. Il salue le respect "scrupuleux" de la légalité en Ecosse, dont le peuple a su "éviter de graves conséquences", et a su choisir entre "l'isolement et l'ouverture", entre "l'incertitude et la stabilité". Le propos s'avère tellement appuyé, qu'aucun Catalan ne pourra prétendre qu'il ne lui était pas destiné.

"Eux ont le droit de voter et pas nous"

Les souverainistes de Catalogne retournent la leçon politique au gouvernement espagnol. Un porte-parole de la formation majoritaire au Parlement régional de Barcelone donne en exemple le référendum écossais en ces termes: "une grande fête de la démocratie, parce que tous en ont accepté le résultat".

Pour sa part, une responsable dans l'opposition au Parlement espagnol explique voir avec "jalousie" comment la loi s'adapte en Ecosse à ce que réclame la majorité, et non le contraire, comme en Catalogne. En d'autres termes, "eux ont le droit de voter et pas nous".

Sauf qu'en se prononçant pour le "non", les Ecossais ont de toute façon privé les indépendantistes d'une puissante force d'entraînement. 

Un référendum contraire à la Constitution espagnole

Le gouvernement espagnol a toujours indiqué que des lors qu'une consultation serait convoquée, il saisirait le tribunal constitutionnel. Sa décision ne fait guère de doute, l'article 2 de la Constitution disposant l'unité indissoluble de la nation espagnole. Ce ne serait d'ailleurs qu'un des articles pouvant être opposé au décret de convocation du référendum.

De toute façon, les souverainistes assimilent a priori le juge constitutionnel de Madrid à un juge politique. D'autant que c'est la justice espagnole qui, en 2010, a privé la Catalogne d'une partie de son statut d'autonomie.

Pour autant, les indépendantistes ne parlent pas d'une seule voix. Contrairement à leurs homologues écossais, les souverainistes catalans ont encore du mal à fixer une ligne cohérente.

Des indépendantistes en ordre dispersé

Le parti catalan, arrivé en tête aux élections européennes, envisage un jour publiquement l'hypothèse d'une déclaration unilatérale d'indépendance. Aussitôt, son partenaire au Parlement régional exprime son doute sur l'utilité de proclamer une indépendance que personne ne reconnaîtrait.

Autre angle d'approche alors, le chef de file d'un parti indépendantiste prône la désobéissance civile si Madrid bloque la convocation d'un référendum. Il va jusqu'à invoquer la méthode suivie par Martin Luther King.

Le prenant au mot, une autre formation souverainiste soumet une motion dans ce sens au Parlement régional. Et c'est alors que finalement, lors du vote, l'abstention se généralise. D'ici au 9 novembre, il va leur falloir resserrer les rangs.

Benaouda Abdeddaïm