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L'Argentine en défaut de paiement

Le ministre argentin de l'Economie Axel Kiciloff a quitté New York sans parveir à un accord avec ses créanciers.

Le ministre argentin de l'Economie Axel Kiciloff a quitté New York sans parveir à un accord avec ses créanciers. - -

L'Argentine n’est pas parvenue à conclure un accord sur le règlement de sa dette avec les fonds spéculatifs, mercredi soir. Pour la deuxième fois en treize ans, le pays se retrouve en situation de défaut de paiement.

A New York, les discussions entre l’Argentine et ses créanciers ont pris fin mercredi 31 juillet à minuit (heure de New York) sans aboutir à un accord sur le règlement de sa dette. Ce scénario pousse le pays, troisième économie d'Amérique latine, en défaut de paiement sur 539 millions de dollars, un montant minime pour un État.

L'Argentine, a dit le ministre argentin de l'Economie Axel Kicillof, a soumis en vain à ces fonds "vautours" les mêmes termes de remboursement qu'avaient acceptés d'autre de ses créanciers pour la restructuration de sa dette.

Il a précisé que ce groupe de créanciers avait refusé la proposition de Buenos Aires. A l'issue de la réunion, M. Kicillof a assuré que les fonds spéculatifs "ont essayé de nous imposer quelque chose d'illégal (...). L'Argentine est prête à dialoguer, à trouver un consensus. Nous allons chercher une solution juste, équilibrée et légale pour 100% de nos créanciers".

Les banques privées argentines ont aussi fait une proposition en mettant sur la table une garantie d'environ 300 millions de dollars en échange d'un moratoire pour négocier. Elles ont même proposé aux fonds spéculatifs de racheter toutes leurs obligations, mais les fonds spéculatifs n'ont pas voulu, préférant fermer les négociations.

Placé en "défaut sélectif" par S&P

Ces deux journées de discussions étaient censées régler le contentieux sur le remboursement par l'Argentine de 1,33 milliard de dollars, plus intérêts, à NML et Aurelius, deux fonds "vautours" spécialisés dans le rachat de dette à risque et détenteurs de moins de 1% de la dette concernée.

Tout juste avant l'annonce de la non conclusion d'un accord, l'agence de notation Standard and Poor's (S&P) avait abaissé la note de l'Argentine d'un cran à "défaut sélectif". Cela signifie que "l'emprunteur n'a pas honoré une certaine partie de ses obligations ou une émission spécifique mais qu'il continue de payer ses autres types d'emprunts dans les temps".

L'Etat va prendre en charge une partie des salaires

Selon les analystes, une des premières conséquences du défaut de paiement est d'éloigner durablement l'Argentine de l'accès aux marchés internationaux des capitaux, dont elle est exclue depuis sa faillite en 2001.

La directrice générale du FMI Christine Lagarde a pour sa part minimisé l'impact d'un défaut. "Même si un défaut est toujours regrettable, nous ne pensons pas qu'il aura des conséquences majeures en dehors" du pays, a-t-elle estimé.

Pour les Argentins, la situation n'est pas la même qu'en 2001, date à laquelle le pays s'était déjà retrouvé en situation de défaut de paiement. " La crise était alors très grave, les gens manifestaient dans la rue. Les Argentins ont encore du travail et le pays se porte encore relativement bien", explique Olivier Ubertalli, correspondant en Amérique du sud de BFM Business.

Selon les économistes, la récession qui vient de commencer cette année pourrait s'aggraver avec ce défaut de paiement. "L'inflation est assez forte et elle pourrait grimper encore plus. On parle de 40% cette année, ce n'est pas rien", ajoute-t-il.

Les entreprises argentines vont naturellement subir de plein fouet cette situation. " Il va y avoir moins de financement pour les entreprises argentines donc à priori des licenciements dans les semaines à venir", prévient Olivier Ubertalli.

Le gouvernement va prendre des mesures pour endiguer ces licenciements, en prenant en charge une partie des salaires versé par les entreprises.

C.C.