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L'Inde démonétise soudainement  ses plus gros billets

24 milliards de billets se retrouvent démonétisés.

24 milliards de billets se retrouvent démonétisés. - Noah Seelam - AFP

Pour lutter contre l'évasion fiscale, le pays a décidé que les billets de 500 et 1.000 roupies (6,8 et 13,7 euros), les plus hautes valeurs faciales, n'avaient plus de valeur légale. Ce sont 24 milliards de billets qui se retrouvent démonétisés, sans valeur légale en tant que monnaie.

Le plan a été concocté dans le plus grand secret. Le Premier ministre indien Narendra Modi a surpris son pays en démonétisant soudain 24 milliards de billets pour lutter contre l'évasion fiscale. Prenant tout le monde de court, Narendra Modi a annoncé que les billets de 500 et 1.000 roupies (6,8 et 13,7 euros), les plus hautes valeurs faciales en circulation, n'avaient plus de valeur légale. Ces billets doivent être échangés contre de nouvelles coupures ou déposés sur un compte en banque. A la condition d'être en mesure d'attester de la provenance des grosses sommes. Des centaines de millions d'Indiens se retrouvaient soudain avec insuffisamment d'argent liquide dans leur portefeuille pour les achats du quotidien, dans une économie où 90% des transactions se font en cash.

Élu avec la promesse de combattre âprement la corruption, le Premier ministre indien s'est convaincu au printemps dernier qu'il lui fallait une mesure choc pour montrer sa détermination. Jusqu'à la dernière minute, seuls le ministre des Finances Arun Jaitley, le gouverneur de la banque centrale indienne et quelques proches conseillers étaient informés du plan en préparation, selon les médias indiens. "Si le secret avait été rompu, les gens auraient investi la plus grande partie de leur argent dans des systèmes de paiement informel, dans l'or ou l'immobilier avant l'annonce, aggravant le problème de l'argent noir", analyse pour l'AFP Paras Savla, de l'entreprise de conseil en investissement KPB & Associates.

"Un cauchemar"

Les membres du gouvernement indien eux-mêmes n'ont découvert la nouvelle que peu avant ce rare discours télévisé, sommés de venir à une réunion dont ils ne connaissaient pas l'objet et où il leur avait été demandé de ne pas amener leur téléphone portable. Ils n'ont été autorisés à ressortir de la salle qu'une fois achevée l'allocution publique de Narendra Modi, a rapporté le quotidien Times of India.

Pendant ce temps, à un millier de kilomètres au sud de Delhi, la banque centrale indienne mettait au parfum les dirigeants des banques du pays. Dans la matinée, ceux-ci avaient été convoqués à la Reserve Bank of India (RBI) pour y recevoir un coffre. À l'intérieur, leur avait été-t-il dit, les nouveaux billets de 2.000 roupies annoncés de longue date.

Les responsables repartirent avec les coffres, et la stricte interdiction de les ouvrir ou d'en parler, selon le journal Mint. Au moment de l'ouverture, le soir, quelle ne fut pas leur surprise de découvrir qu'ils contenaient également des billets inédits de 500 roupies.

Mais approvisionner tous les établissements bancaires de ce gigantesque pays, qui s'étend des pics de l'Himalaya aux îles Andaman dans le golfe du Bengale en passant par des campagnes isolées, est un défi compliqué. "Un cauchemar", s'alarme Pradip Shah, ancien cadre de HDFC Bank. "Ça va être problématique pour beaucoup de personnes."

Hier, jeudi 10 novembre 2016, après une fermeture de 24h pour préparer la transition, les banques étaient prises d'assaut et les distributeurs automatiques ne fonctionnaient pas.

D. L. avec AFP