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La BCE prête à faire plus pour soutenir les prix en zone euro

Le président de la BCE accepterait une action plus poussée.

Le président de la BCE accepterait une action plus poussée. - Thierry Charlier - AFP

Mario Draghi, président de la BCE, a déclaré que son institution était prête à plus pour soutenir les prix en zone euro. Il ne compte pas mettre de limite.

Mario Draghi est prêt à plus. Le président de la BCE a assuré jeudi que son institution était toute disposée à faire davantage pour soutenir les prix en zone euro, estimant qu'il n'y avait "pas spécialement de limites" à une action plus poussée. "Il n'y a pas spécialement de limites dans la capacité qu'a la BCE d'augmenter la voilure de sa politique monétaire", à part celles de son mandat, a assuré Mario Draghi. Le mandat de la banque centrale lui interdit notamment de financer directement les Etats membres.

Mario Draghi a souligné "la volonté d'agir, l'état de préparation pour agir et la capacité à agir" du conseil des gouverneurs, organe de décision de l'institution qui s'est réuni mercredi et jeudi. Le banquier central a notamment rappelé la "flexibilité" du programme de rachats de dette de la BCE, qui pourra être prolongé au-delà de septembre 2016 "si nécessaire". Ce programme lancé en mars d'"assouplissement quantitatif", de ce nom exact, ou "QE" en anglais, voit l'institution racheter pour 60 milliards d'euros de dette surtout publique par mois, et son horizon est pour le moment fixé à septembre de l'an prochain.

Mais il a été conçu de manière à pouvoir en ajuster facilement "la taille, la composition et la durée", a rappelé Mario Draghi. Un premier ajustement technique, qui concerne la part de la dette publique de chaque pays membre que la BCE peut détenir, a d'ailleurs été annoncé jeudi.

"QE" remanié

Au delà de cela, le conseil des gouverneurs - qui comprend le directoire de la BCE et les 19 gouverneurs des banques centrales de l'euro - n'a pas discuté cette semaine d'élargissement du "QE", a précisé le président de la BCE, selon lequel "nous n'en sommes pas encore là". L'Italien a souligné que les banquiers centraux avaient du mal à apprécier si les facteurs à l'oeuvre en ce moment, notamment le ralentissement de certaines économies émergentes dont la Chine et la chute du prix du pétrole, étaient transitoires ou partis pour durer.

En ouvrant grand la porte à un "QE" remanié, Mario Draghi a enchanté les marchés: les Bourses européennes étaient toutes en forte hausse après son intervention, et l'euro cédait du terrain par rapport au dollar. La BCE a aussi maintenu inchangé ses taux directeurs très bas - le principal stationne à 0,05% depuis un an.

Prévisions d'inflation abaissé

Par ailleurs, la Banque centrale a abaissé jeudi ses prévisions d'inflation et de croissance en zone euro pour 2015, 2016 et 2017, envisageant même un recul passager des prix "dans les prochains mois", principalement lié à la faiblesse des prix du pétrole. La BCE table désormais sur une inflation de 0,1% en 2015, 1,1% en 2016 et 1,7% en 2017, contre +0,3%, +1,5% et +1,8% respectivement jusqu'à présent, a annoncé en conférence de presse son président Mario Draghi.

Evoquant la baisse de la demande mondiale et les inquiétudes sur les émergents, l'institut monétaire mise parallèlement sur une croissance de 1,4% cette année -contre 1,5% attendu précédemment-, de 1,7% en 2016 (contre 1,9%) et 1,8% en 2017 (contre 2%). "De nouveaux risques pesant sur les perspectives de croissance comme d'inflation sont apparus récemment", a ajouté Mario Draghi, sur fond de soubresauts boursiers liés au brutal ralentissement chinois.

Selon le patron de l'institution de Francfort, le coup de frein de l'économie chinoise se propage par deux canaux: d'une part en pesant sur les exportations des autres pays, d'autre part en affectant "la confiance" sur les marchés financiers. L'inflation, obstinément faible malgré le programme de rachats massifs de dette de la BCE en vigueur depuis mars, pourrait par ailleurs s'avérer "négative dans les prochains mois" a estimé Mario Draghi. Cette perspective, qui ravive les craintes de déflation au sein du bloc monétaire, devrait rester "passagère", principalement alimentée par les prix du pétrole, alors que la dynamique côté salaires "continue de s'améliorer", selon l'Italien.

D. L. avec AFP