BFM Business
Economie et Social

La BCE va réduire son soutien à l'économie à partir de janvier

Le président de la BCE Mario Draghi

Le président de la BCE Mario Draghi - Daniel Roland - AFP

La banque centrale a annoncé dans un communiqué que le montant de ses rachats d'actifs serait réduit à 30 milliards d'euros contre 60 milliards d'euros actuellement.

L'annonce était attendue et elle avait ainsi largement été anticipée par les marchés. La Banque centrale européenne a annoncé ce jeudi qu'elle prolongerait son programme de rachats d'actifs sur les marchés tout en réduisant son montant.

La BCE, qui a par ailleurs opté pour le statu quo sur ses taux directeurs, va maintenir le niveau de 60 milliards d'euros de ses achats mensuels jusqu'en décembre prochain. À compter de janvier, ces rachats passeront à 30 milliards d'euros jusqu'en septembre 2018 ou "au-delà si nécessaire", précise la BCE. "Si les perspectives se dégradent ou si les conditions financières ne permettent plus à l'inflation de remonter, le conseil des gouverneurs se tient prêt à augmenter en taille ou durée ces rachats d'actions" précise-t-elle.

"Le recalibrage de notre programme de rachat d'actifs montre une confiance croissante dans le fait que les taux d'inflation vont progressivement converger vers notre objectif", a expliqué Mario Draghi, le président de la BCE lors de sa conférence de presse.

Éviter la déflation

Bon nombre d'analystes tablaient sur ce type de mesures. L'économiste Frédérik Ducrozet de Pictet AM avait réussi à anticiper exactement ce scénario dans ses prévisions publiées le 18 octobre dernier.

Cette décision de la BCE marque un premier tournant pour la banque centrale. Après des années à lutter pour garantir la stabilité de la zone euro ou tenter de redresser une inflation chancelante, la banque centrale commence tout doucement à normaliser sa politique monétaire.

En effet, à l'origine, ces rachats d'actions avaient été lancés pour éviter que les prix dans la zone euro baissent et qu'une déflation soit observée, phénomène contre lequel les banques centrales ont énormément de mal à lutter.

L'euro dévisse

Et le mandat de la BCE, rappelons-le, est d'arriver à une inflation "proche de mais inférieure" à 2%. Elle était de 1,5% en septembre dans la zone euro. Si l'objectif n'est donc pas encore atteint, la situation est suffisamment apaisée pour que la banque centrale lève le pied sur ses rachats de titres.

"Certes l'inflation n'est pas encore à un niveau suffisant mais Mario Draghi a répété plusieurs fois que le risque de déflation avait disparu. Or ces mesures non conventionnelles avaient été prises pour faire face à ce risque. Elles ne sont aujourd'hui plus nécessaires", expliquait en septembre à BFMBusiness.com Louis Harreau, économiste au Crédit Agricole CIB.

"De toute façon la BCE est face à un problème. Quand on regarde les titres sur le marché qu'elle a déjà achetés et ceux qu'elle doit acquérir, on se rend compte qu'elle a quasiment épuisé l'ensemble de son univers achetable dans la plupart des pays de la zone euro, notamment en Allemagne", ajoutait-il.

Certains analystes s'attendaient à d'éventuelles annonces sur la fin de ce programme de rachats d'actifs. Possibilité que Mario Draghi a écarté d'un revers de la main. Conclure ce programme "présenterait d'important risque pour la stabilité financière et serait prématuré", a-t-il fait valoir.

L'annonce de la BCE n'a pas eu de grands effets sur les marchés actions. Tout juste a-t-elle permis au CAC40 de consolider ses gains. En revanche, sur les devises, l'euro a clairement dévissé passant de 1,1815 dollar à 1,1762, en raison de la période de prolongation du plan (jusqu'en septembre quand certains analystes tablaient sur juin).

-
- © BCE
Julien Marion