BFM Business
Economie et Social

La Belgique moins alléchante pour les exilés fiscaux français?

Le charmant village de Tournai, à un jet de pierre de la frontière franco-belge, pourrait voir sa population française fondre.

Le charmant village de Tournai, à un jet de pierre de la frontière franco-belge, pourrait voir sa population française fondre. - Pedro - Flickr - CC

La Wallonie envisage de surtaxer les plus hauts revenus. Ce nouvel impôt défendu par les socialistes pourrait toucher aussi les exilés fiscaux français qui vivent dans cette région qui couvre plus de la moitié du territoire belge.

Mauvaise nouvelle pour les riches Français qui se sont exilés en Belgique pour échapper à l'ISF et, plus largement, à une fiscalité sur le patrimoine et les revenus jugée confiscatoire. Selon le journal économique belge L'Echo, la Wallonie, la région la plus vaste du Royaume (55% de la superficie totale du pays) pourrait profiter de sa réforme fiscale pour taxer les grosses fortunes.

L'idée n'est pas nouvelle, le parti socialiste belge réclamait déjà du gouvernement qu'il prenne une telle mesure en 2015. Mais il avait été renvoyé dans les cordes par le ministre fédéral du Budget de l'époque, le libéral Hervé Jamar. Ce dernier suggérait alors à la gauche de lancer son projet en Wallonie, où les socialistes sont aux manettes. Les régions jouissent en effet d'une relative indépendance vis-à-vis de l'État fédéral en ce qui concerne la fiscalité. Mais le gouvernement socialiste de Wallonie, et ses alliés centristes de la CDH avaient renoncé, craignant d'instaurer une concurrence fiscale à son détriment entre régions, rappelle L'Echo.

Sauf que dix mois plus tard, le projet revient sur le devant de la scène. L'administration de la région étudie une différenciation de la charge fiscale en fonction des revenus. La mesure pourrait faire partie de la réforme fiscale sur laquelle planchent les socialistes. "Je veux de la justice fiscale. Chaque citoyen doit s'y retrouver. Nous irons chercher l'argent là où il se trouve" insiste ainsi Christophe Lacroix, ministre du Budget wallon.

Aujourd'hui, l'impôt sur le revenu dans la région est plafonné à un taux de 35,117%. Le ministre envisage de relever ce plafond pour les catégories de revenus les plus élevés, ceux situés "entre 120.000 et 200.000 euros par an", dixit le ministre.

"Les Français s'en iront vers d'autres cieux"

Quid des riches Français installés en Belgique pour s'émanciper du fisc national? On en ignore avec précision le nombre. Seuls quelques départs retentissants, comme ceux d'Arthur ou celui avorté de Bernard Arnault, ont fait la une de la presse. Ils seraient néanmoins des centaines de ressortissants hexagonaux exilés outre-Quiévrain ces dernières années pour y jouir d'une fiscalité plus légère.

La réforme, si elle aboutit, ne concernerait pas les Français installés à Bruxelles et ses environs, dont le "Neuilly Bruxellois", Uccle. La capitale belge n'est pas située en Wallonie. En revanche, ceux qui ont décidé de vivre dans le Hainaut, à quelques pas de la frontière française, comme à Tournai ou à Mouscron, pourraient être touchés.

Si la mesure passe, leur nombre devrait d'ailleurs drastiquement baisser dans la région. "Un certain nombre partiront sûrement, ce qui serait dommage car les Français font bien tourner l'économie de ce côté de la frontière", dit-on à l'Union des Français de l'étranger de Tournai. Certes, les Hexagonaux qui vivent le long de la frontière côté belge ne sont pas tous "très riches". Il y a aussi des "très pauvres". Mais la plus grande partie, ceux qui ont des revenus suffisants pour craindre l'impôt progressif en France seront "certainement très gênés" si une telle mesure passe, et "s'en iront vers d'autres cieux", assure cette source.

Nina Godart