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La fin du billet de 500 euros actée mercredi?

"La question de l'arrêt de la production de la plus grosse coupure en euros sera à l'ordre du jour d'un conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne mercredi 4 mai. Et la décision finale fait débat au sein de l'institution. "

Le glas de la plus grosse coupure en euros a-t-il sonné? La fin du billet de 500 euros n'a en effet jamais été aussi proche. Selon nos informations, l'arrêt de la production de cette coupure violette sera à l'ordre du jour d'une réunion du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, mercredi.

Pour rappel, le conseil des gouverneurs est une instance qui regroupe les 19 gouverneurs des banques centrales nationales ainsi que les six membres du directoire de la BCE. Un vote aura donc lieu et pourrait signer l'arrêt de mort de ce billet dont 594 millions d'exemplaires circulent dans la zone euro. Soit 14 fois moins que le billet de 50 euros.

De fait, la Banque centrale européenne avait plusieurs fois indiqué qu'elle songeait à arrêter l'impression des billets de 500 euros. En février, Mario Draghi, le président de la BCE, soulignait qu'"il y a des convictions grandissantes au sein de l'opinion publique comme quoi les grosses coupures sont utilisées à des fins criminelles". "Dans ce contexte, nous envisageons d'agir", ajoutait-il.

"Nous réfléchissons activement à la question et prendrons une décision prochainement", avait ensuite confirmé quelques jours plus tard Benoît Coeuré, membre français du directoire de la BCE et réputé pour être le bras droit de Mario Draghi.

Les Français pour la suppression

Le même Benoît Coeuré précisait d'ailleurs que "les arguments en faveur du maintien du billet de 500 euros [étaient] de moins en moins convaincants". Lundi, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a également pris position en affirmant que supprimer cette coupure était "un élément de mobilisation pour lutter contre le blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme".

Ce qui ne veut toutefois pas dire que la décision est tranchée. Demain, 21 personnes voteront, à savoir les six membres du directoire et 15 gouverneurs de banques centrales nationales. Or, selon nos informations, François Villeroy de Galhau ne pourra pas voter. En effet, selon des règles complexes issues du traité de Nice, il y a un roulement du côté des gouverneurs des banques centrales nationales pour que seuls 15 d'entre eux (sur 19) participent au vote. La France, la Grèce, Chypre et la Lituanie pourront donc exprimer leur avis mais pas voter. 

Et tous les participants de cette réunion ne voient pas d'un bon œil la fin de la production du billet de 500 euros. Yves Mersch, membre luxembourgeois du directoire de la BCE, affirmait en février qu'il aimerait avoir des "évidences" montrant que la coupure servait à faciliter les activités criminelles.

L'Allemagne contre

Et que dire de Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, la banque centrale allemande? Celui qui a l'une des voix les plus fortes au sein du conseil des gouverneurs avait, en février, critiqué les initiatives visant à abolir le billet de 500 euros, rapportait alors le Wall Street Journal. Il avait même défrayé la chronique en présentant un rapport de 22 pages défendant l'utilisation du cash.

"Si nous disons aux citoyens que les billets qu'ils détiennent ne sont pas valides, cela minerait la confiance (dans la monnaie, ndlr)", affirmait-il. "Et de mon point de vue il est peu probable que les terroristes où les criminels soient stoppés juste parce que nous éliminons les gros billets".

Il faut aussi comprendre que le billet de 500 euros, s'il n'est guère utilisé en France, est beaucoup plus populaire en Allemagne où le paiement en espèces est important et où les billets de 1.000 deutsche marks avant l'euro étaient légion. Pour donner un ordre d'idée, en 2009, 123 millions de billets de 500 euros étaient en circulation en Allemagne contre seulement 3,6 millions en France.

Des billets en circulation qui resteraient valables

Supprimer cette coupure ne serait donc pas forcément bien perçu outre-Rhin. "L'argument comme quoi ce billet sert à financer l'économie parallèle ne marche pas, dans la mesure où on peut trouver de nombreux substituts. Et en Allemagne, à un moment où la confiance dans la BCE est au plus bas, cela serait perçu comme un pas de plus vers la suppression du cash" auquel les Allemands sont très attachés, explique à Bloomberg Stefan Schneider, chef économiste de la Deustche Bank.

Si la décision était tout de même validée demain, les billets de 500 euros en circulation resteraient toutefois valables dans l'immédiat. La BCE demanderait simplement aux banques centrales nationales d'arrêter seulement d'en imprimer. 

La BCE aurait ensuite le choix entre deux options: définir une limite de temps assez longue au terme de laquelle le billet de 500 euros ne serait plus accepté comme moyen d'échange ou, comme les Allemands avec le deustche mark, laisser la coupure être indéfiniment utilisée. Le billet sortirait alors petit à petit de la circulation, les citoyens européens échangeant leurs billets de 500 euros contre de plus petites coupures.