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La Grèce a renoué avec la croissance en 2016

Alexis Tsipras, Premier ministre grec

Alexis Tsipras, Premier ministre grec - LOUISA GOULIAMAKI / AFP

Malgré un 4ème trimestre décevant, marqué par un recul du PIB de 0,4%, la Grèce a renoué avec la croissance en 2016 (+0,3%), selon Elstat. La Commission européenne s'attend même à 2,7% en 2017 et 3,1% en 2018.

Le gouvernement grec s'est félicité mardi du retour du pays à la croissance en 2016, selon les premières estimations publiées mardi par l'Autorité des statistiques grecques (Elstat), et a de nouveau refusé toute nouvelle mesure de rigueur, réclamée par ses créanciers. "Le PIB a reculé de 0,4% au quatrième trimestre par rapport au troisième et augmenté de 0,3% par rapport au 4ème trimestre de 2015", a indiqué Elstat dans un communiqué selon une première estimation.

Selon les calculs de l'AFP, le PIB a atteint une hausse de 0,3% sur l'année entière, comme l'avait estimé lundi la Commission européenne qui prévoyait encore en novembre un recul de même ampleur. De plus, Elstat a révisé en hausse les données du troisième trimestre, où la croissance est désormais calculée à +0,9% par rapport au deuxième trimestre, et +2,2% par rapport au troisième trimestre de 2015, contre +0,8% et +1,8% annoncés précédemment.

Des prévisions positives

Pour 2017, la Commission européenne pronostique une croissance de 2,7% en Grèce, et de 3,1% en 2018. Le porte-parole du gouvernement Dimitris Tzanakopoulos s'est félicité de ces prévisions et indiqué que "l'économie grecque avait renoué définitivement avec la croissance", lors de son point de presse hebdomadaire.

Ce n'est que la deuxième fois depuis 2008 que le pays connaît une hausse de son PIB d'une année sur l'autre, après 2014. Depuis 2010, la Grèce vit des prêts octroyés par ses créanciers, la zone euro et le FMI principalement, qui, au fil de trois plans d'aide successifs, lui ont imposé en échange de très difficiles réformes.

Le pays est en discussion actuellement avec ces créanciers pour voir dans quelle mesure il lui faudra prendre des mesures contraignantes supplémentaires à l'issue de l'actuel plan d'aide, qui court jusqu'à 2018. Ces discussions bloquent l'avancée des déboursements du plan en cours. Pour le porte-parole, le retour de la croissance et les prévisions de croissance très positive pour les années à venir signifient que "les demandes (des créanciers) en vue de nouvelles mesures après la fin du programme n'ont aucun fondement".

L'Allemagne et le FMI toujours favorables à des mesures d'austérité supplémentaires

Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici doit se rendre à Athènes mercredi pour y rencontrer le Premier ministre Alexis Tsipras et le ministre des Finances Euclide Tsakalotos. Selon Dimitris Tzanakopoulos, "l'excédent budgétaire primaire aura atteint 2% du PIB" en 2016 alors qu'initialement "l'objectif n'était que de 0,5%". Il a de nouveau réitéré que le FMI et l'Allemagne, qui ne cessent de réclamer de nouvelles mesures d'austérité, "devraient reconnaître la nouvelle réalité" et ne pas insister sur "des excédents budgétaires primaires (hors service de la dette) irréalistes".

En déplacement en Allemagne, le Premier ministre français, Bernard Cazeneuve, a exprimé ce mardi le soutien de Paris à "la Grèce". "Nous devons poursuivre le travail engagé, qui nous a permis de maintenir la Grèce à bord de la zone euro, c'est une nécessité", a estimé le chef du gouvernement après un entretien avec la chancelière allemande, Angela Merkel.

La Grèce espère conclure un accord avec ses créanciers le 20 février, lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) à Bruxelles, soit avant les échéances électorales aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. "La Grèce n'a pas besoin et n'adoptera pas un euro de plus de mesures de rigueur", a insisté M. Tzanakopoulos.

Le pays avait déjà adopté en mai 2016 une série de mesures, entrées en vigueur le 1er janvier et concernant surtout de nouvelles augmentations de taxes et des baisses de retraites. Environ 2.000 agriculteurs de différentes régions à travers le pays étaient à Athènes mardi pour manifester contre ces mesures, protestant contre "l'augmentation de l'imposition" sur leurs revenus. 

P.L avec AFP