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La Grèce et la zone euro dans l'impasse

Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis

Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis - Aris Messinis - AFP

La réunion de l'Eurogroupe, qui s'est déroulée dans la nuit de mercredi 11 à jeudi 12 février, s'est soldée par un échec. Les ministres des Finances de la zone euro n'ont pu que constater leurs désaccords avec Athènes.

Une longue nuit sans progrès notoire. La zone euro a, en effet, constaté dans la nuit de mercredi à jeudi son total désaccord avec Athènes lors d'une réunion extraordinaire qui s'est achevée sans la moindre avancée.

"Nous avons fait des progrès mais pas assez pour parvenir à des conclusions communes", a déclaré le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Aucun communiqué n'a donc été publié à l'issue de la réunion, un fait rare, signe des tensions considérables entre la Grèce et ses créanciers au sein de la zone euro.

"Mon ambition était de se mettre d'accord sur les étapes dans les prochains jours. Malheureusement, nous n'en avons pas été capables et nous poursuivrons nos discussions lundi et avancerons à partir de là", a indiqué, laconique, Jeroen Dijsselbloem, lors d'une brève conférence de presse. Les ministres des Finances de la zone euro doivent se retrouver à Bruxelles dès lundi.

Deux semaines et demie après la victoire de la gauche radicale (Syriza) en Grèce, les antagonismes entre le pays et le reste de la zone euro semblent plus forts que jamais:

Athènes veut à tout prix en finir avec la tutelle de ses créanciers (UE, BCE et FMI), ce qui irrite la zone euro. La réunion extraordinaire de la zone euro, qui a duré plus de six heures, avait pour but de rapprocher les points de vue. Mais Athènes n'a pas présenté de propositions détaillées, ni d'ébauche de programme pour assurer son financement à court terme, selon des participants.

"Il n'a jamais été question de trouver un accord ce soir, mais de faire connaissance"

Sitôt la réunion finie, une source gouvernementale a annoncé à Athènes l'échec des discussions. "Cet Eurogroupe n'a pas débouché sur un accord. La prolongation du mémorandum n'a pas été acceptée", a-t-elle affirmé. La Grèce, représentée par son ministre, Yanis Varoufakis, "a argumenté sur l'échec des mémorandums", ces accords passés depuis 2010 entre Athènes d'une part, la troïka (UE-BCE-FMI) d'autre part, et basés sur l'octroi de 240 milliards d'euros de prêts en échange d'une austérité drastique et d'une longue liste de réformes.

Yanis Varoufakis, qui s'est présenté comme "le petit nouveau de la bande" pour son premier Eurogroupe, a évoqué "une réunion fascinante", une "longue et constructive discussion sur tous les aspects de la crise grecque". "Il n'a jamais été question de trouver un accord ce soir, mais de faire connaissance", a insisté celui qui est devenu en quelques jours la coqueluche des médias, mais dont le style peu diplomatique agace à Bruxelles.

Les Européens veulent qu'Athènes demande une extension du programme actuel, avant d'envisager des solutions pour alléger la dette, qui représente plus de 175% du PIB grec. La décision doit être prise au plus tard lundi prochain, lors d'une nouvelle réunion de la zone euro, car plusieurs parlements doivent ensuite donner leur aval à un accord.

Un Conseil européen à suivre

"Chaque pays est entièrement libre de faire ce qu'il veut. Mais nous avons ce programme. Soit il est mené jusqu'au bout, soit il n'y a plus de programme", avait averti à son arrivée l'Allemand Wolfgang Schäuble. Il ne s'est pas exprimé en partant. "Le programme, c'est une base légale, une référence, un cadre. Il est très difficile de s'en affranchir", avait renchéri Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques.

Décidée à tirer un trait sur six années de récession et une austérité imposée à marche forcée, la Grèce souhaite la mise en place d'un "programme-relais" jusqu'en septembre, dans lequel elle respecterait 70% des engagements de réformes déjà passés avec ses créanciers. Les 30% restants seraient remplacés par une série de réformes destinée à relancer la croissance, élaborées avec l'OCDE.

Le dossier grec est également au menu du sommet européen de ce jeudi. Jeroen Dijsselbloem doit rendre compte de l'Eurogroupe devant les dirigeants des 28, avant une nouvelle réunion ministérielle dès lundi prochain. Ce sommet, le premier pour le Premier ministre Alexis Tsipras, sera l'occasion pour lui de rencontrer ses homologues, à commencer par la chancelière allemande, Angela Merkel.

J.M. avec AFP