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La Grèce face au compte à rebours pour sa dette

Un accord entre la Grèce et ses créanciers doit être trouvé avant le 16 février, une date qui paraît très proche vu l'ampleur du travail.

Un accord entre la Grèce et ses créanciers doit être trouvé avant le 16 février, une date qui paraît très proche vu l'ampleur du travail. - John Kolesidis - Reuters

Sans accord avec ses créanciers sur la manière de rembourser sa dette, Athènes se retrouvera à sec fin-février. Mais un accord rapide entre la Grèce et l'Europe paraît difficile.

Le compte à rebours s'accélère pour la Grèce. Mercredi se tient un Eurogroupe exceptionnel à Bruxelles. Les débats seront vifs. Les Allemands, notamment, restent très fermes. La question de la dette grecque ne sera d'ailleurs sans doute pas réglée à l'occasion de cette réunion des ministres des finances de la zone euro, a prévenu la Commission européenne ce mardi. Faute d'accord avec ses créanciers, la Grèce, qui n'a plus accès aux marchés des capitaux, risque de se trouver sans le sou dès la fin du mois de février.

Quelle peut être l'échéance de cet accord?

Une source diplomatique française évoque seulement "une première discussion concrète" mercredi. Et le président de l'Eurogroupe présente la rencontre d'après, celle du 16 février, comme une date butoir pour que la Grèce demande un prolongement de son plan d'aide. Parce qu'ensuite, plusieurs gouvernements devront obtenir une ratification de leur Parlement avant l'expiration de l'assistance financière européenne a la fin du mois .

A Bruxelles, on constate que les échanges ne se sont pas révélés très fructueux jusqu'ici. A Berlin, le ministre des finances ne veut rien entendre d'un financement d'urgence, exigeant un programme qui convienne aux créanciers. Wolfgang Schaüble a encore fermé la porte à toute discussion ce mardi: "nous ne négocions pas de nouveau programme. Nous avons déjà un programme", a-t-il déclaré en marge du G20 Finances qui se tient à Istanbul.

A Paris, un négociateur réclame surtout que les Grecs ne brûlent pas les étapes qui mèneraient à une rallonge. Ce responsable explique qu'il faut au préalable présenter une situation budgétaire précise et un état des besoins afin d'honorer les échéances dues d'ici à cet été au Fonds monétaire international et à la Banque centrale européenne. Les directeurs du Trésor de la zone euro y travaillent déjà. Athènes est aussi amenée à établir une prévision de ses recettes fiscales et un calendrier de ses réformes. En même temps, l'Eurogroupe devra s'assurer des bases juridiques qui permettraient à la BCE d'agir. La liste de ce qui est requis s'avère ainsi très longue. Trop en tout cas pour qu'une seule séance de pourparlers nocturnes suffise.

Sur qui la Grèce peut-elle compter pour l'épauler dans ces négociations?

Athènes bénéficie d'un soutien important au cœur de l'Europe: la Commission européenne. Cette dernière serait sensible à certaines demandes du ministre des Finances grec Yanis Varoufakis et du Premier ministre Alexis Tsipras, "notamment sur un allègement du programme d'austérité et peut-être même sur une forme de restructuration de la dette grecque", estime Jean-Jacques Ohana, le président de Riskelia, un cabinet spécialisé dans la détection des risques pesant sur les marchés financiers.

Au-delà des frontières européennes, le parti anti-austérité qui détient le pouvoir en Grèce peut compter sur un appui de poids: le président américain Barack Obama, et les autres membres de l'Otan. "Les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni enjoignent aujourd'hui Berlin de négocier avec Athènes pour maintenir la Grèce dans la zone euro. Car ce qui se joue au niveau géopolitique, c'est le maintien du pays dans l'Organisation transatlantique pour ne pas que la Russie trouve un nouvel allié. Il serait catastrophique aujourd'hui que la Grèce bloque tous les votes de sanction au niveau de l'Union européenne, et Barack Obama l'a bien compris", ajoute Jean-Jacques Ohana.

A ce sujet, le ministre grec de la Défense a déclaré ce mardi que son pays avait d'autres options que l'Union européenne. Le ministre grec des Affaires étrangères est d'ailleurs attendu mercredi à Moscou. 

Benaouda Abdeddaïm et Nina Godart