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La Grèce sous la pression internationale

Le FMI et la BCE, les Etats-Unis et l'Allemagne ont remis la pression à la Grèce ce week-end pour qu'elle fournisse un programme de réforme qui garantirait la poursuite du versement de l'aide internationale.

Le FMI et la BCE, les Etats-Unis et l'Allemagne ont remis la pression à la Grèce ce week-end pour qu'elle fournisse un programme de réforme qui garantirait la poursuite du versement de l'aide internationale. - LOUISA GOULIAMAKI - AFP

Le président de la BCE, Mario Draghi, ou le directeur du Trésor américain, Jacob Lew, et même le président Barack Obama ont sommé Athènes de se mettre au travail pour continuer de toucher l'aide internationale.

La Grèce se retrouvait pressée de toutes parts samedi de présenter son programme de mesures budgétaires qui lui permettront de continuer à recevoir l'aide internationale dont elle a besoin pour ne pas faire défaut sur sa dette.

La solution à la crise actuelle "est dans les mains du gouvernement grec", a assuré Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE) à Washington lors des assemblées semi-annuelles du FMI et de la Banque mondiale. Mais "il faut beaucoup plus de travail et c'est urgent", a-t-il lancé, alors que l'impatience se manifestait aussi chez plusieurs grands argentiers, mêmes non-européens.

"Il n'y a pas de temps à perdre" et "il faut redoubler d'efforts", a ainsi averti le secrétaire au Trésor américain Jacob Lew, emboîtant le pas à des déclarations similaires du président Barack Obama vendredi.

Obama se rallie à Merkel 

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble s'est félicité de cette nouvelle fermeté des Etats-Unis qui avaient auparavant laissé l'impression d'accorder une oreille sympathique aux revendications grecques. "Il semble que le président Obama se soit rallié à la politique de la chancelière", Angela Merkel, a-t-il déclaré à Washington.

Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, présent à Washington pour ces assemblées, s'est borné à répéter en public les thèmes du gouvernement de gauche radicale Syriza. Arrivé au pouvoir en janvier, il est revenu sur les engagements du programme précédent qui visait à remettre la Grèce sur les rails de l'orthodoxie budgétaire souhaitée par ses partenaires.

Mais Mario Draghi a demandé samedi des réformes "chiffrées", et a exigé que le gouvernement grec soit attentif à "l'impact budgétaire" de ses propositions.

Un Grexit plausible

Ce n'est que lorsqu'Athènes aura présenté ces mesures qu'elle pourra recevoir la dernière tranche d'aide s'élevant à 7,2 milliards de dollars. Cet argent lui est vital pour faire face à ses obligations de paiement sur sa dette.

Mais le président de la BCE a refusé de se placer dans l'éventualité d'un défaut de la Grèce. Emboîtant le pas de plusieurs autres responsables économiques internationaux ces derniers jours, il a toutefois estimé que la zone euro était désormais mieux préparée pour faire face à un tel défaut et, plus globalement, à une sortie de la Grèce, même si cela la ferait entrer en "territoire inconnu".

La prochaine échéance est une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Riga le 24 avril. La Grèce doit, de toute façon, présenter son programme de réformes en temps voulu pour que puisse être négocié en juin un nouveau et troisième plan d'aide.

Une aide de la Russie

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, s'est jointe samedi au concert demandant à la Grèce d'accélérer le pas. "Ce que j'attends, ce n'est pas seulement une accélération mais aussi un approfondissement du travail", a-t-elle dit lors d'une conférence de presse. Evoquant ses conversations avec Yanis Varoufakis, elle a rappelé, en termes polis mais fermes, que la tâche d'un ministre des Finances était "d'aller loin dans l'analyse" et ensuite "d'agir".

Athènes pourrait néanmoins recevoir une aide de la Russie sous forme d'une avance sur recettes pour l'extension en Grèce du projet de gazoduc "Turkish stream". "Un accord sera signé mardi à Athènes avec une délégation russe de haut rang sur la construction du gazoduc. Cette accord fixera les conditions de financement de la construction et le niveau de redevance", a indiqué à Athènes une source ministérielle grecque sous couvert d'anonymat. "Non, il n'y a pas eu d'accord, a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à la radio Business FM. Vladimir Poutine a lui-même déclaré que personne n'avait demandé de l'aide (à la Russie)". 

N.G. avec AFP