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La Grèce toujours prise entre deux feux

La Grèce rembourse le FMI rubis sur l'ongle mais continue d'échanger de manière tendue avec ses créanciers européens.

La Grèce rembourse le FMI rubis sur l'ongle mais continue d'échanger de manière tendue avec ses créanciers européens. - ARIS MESSINIS - AFP

Athènes a annoncé ce vendredi avoir remboursé une nouvelle tranche de prêt de quelques centaines de millions d'euros au FMI. Mais les discussions avec ses créanciers internationaux continuent d'être tendues.

La Grèce rembourse une nouvelle tranche de prêts au FMI. Dans une situation financière précaire, Athènes a remboursé ce vendredi une nouvelle tranche de prêts de 336 millions au Fond monétaire international, a indiqué le ministère des Finances à Athènes.

Le FMI est l'un de ses créanciers envers lequel ses obligations sont particulièrement élevées en mars. Une source de ce ministère a indiqué à que le paiement "avait été effectué", une semaine après le remboursement d'une précédente tranche de 298 millions d'euros. La Grèce doit encore 896 millions d'euros à cette institution financière d'ici la fin du mois, à débourser les 16 et 20 mars dans le cadre du remboursement des 240 milliards de prêts accordés au pays depuis 2010.

Athènes n'a pas accès aux marchés de capitaux

Ces échéances sont particulièrement sensibles alors que la capacité de financement du pays est limitée puisqu'il ne peut emprunter sur les marchés de moyen et long terme. En outre, le versement d'une tranche de prêt d'un montant de 7,2 milliards d'euros de la part de ses créanciers est suspendu à la mise en œuvre de réformes par le gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras.

Un gage de bonne volonté alors que les échanges entre la Grèce et ses partenaires européens se sont encore tendus cette semaine. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'est d'ailleurs inquiété ce 13 mars du manque de progrès dans les discussions sur le financement de la Grèce, alors que le scénario d'une sortie du pays de l'euro refait surface, notamment en Allemagne.

Bruxelles voit le spectre du "Grexit"

"Je ne suis pas satisfait des développements ces dernières semaines, je ne pense pas que nous ayons fait suffisamment de progrès", a-t-il déclaré en accueillant pour la deuxième fois à Bruxelles le Premier ministre grec, Alexis Tsipras. Jouant le rôle de médiateur, l'ancien patron de l'Eurogroupe a pris soin de ne mettre personne en cause, ni le gouvernement grec, ni la zone euro, qui perd patience et n'hésite pas à agiter le spectre d'un "Grexit", une sortie du pays de l'euro.

Un "Grexident" -acronyme désignant une sortie par accident et désordonnée de la zone euro- n'est "pas à exclure", a lancé jeudi soir le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui mène le camp des durs face à Athènes. "Dans la mesure où la Grèce seule a la responsabilité, la possibilité de décider ce qui se passe, et comme nous ne savons pas exactement ce que les responsables grecs font, nous ne pouvons pas l'exclure", a-t-il expliqué.

L'Allemagne principale victime de la Grèce

Selon un sondage paru vendredi, les Allemands, premiers créanciers de la Grèce au sein de la zone euro, reprochent massivement un manque de sérieux au gouvernement grec de gauche radicale. Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a pour sa part déploré que la Grèce rejette "trop souvent" la faute sur les autres, "et l'Allemagne en est devenue la victime principale". "Il y a beaucoup de violence verbale et cela ne sert à rien", a ajouté le ministre néerlandais.

Un accord a été trouvé fin février entre la Grèce et ses créanciers (UE, BCE et FMI) pour prolonger jusqu'à fin juin son programme de financement en échange de réformes. Pour obtenir le versement de la tranche de 7 milliards d'euros suspendue depuis des mois, le gouvernement doit détailler et faire valider toute une série de réformes d'ici fin avril. Mais le processus a pris un retard considérable malgré les besoins financiers pressants du pays, qui doit rembourser plusieurs milliards d'euros au printemps.

Une troïka réformée de retour à Athènes

Des échanges à couteaux tirés, qui masquent les menus progrès intervenus cette semaine. La Grèce a en effet rouvert ses portes aux représentants de ses créanciers internationaux. Pas à la troïka à proprement parler, honnie par le parti Syriza aujourd'hui au pouvoir à Athènes. Mais à une "task force" de l'exécutif européen qui aura pour mission, comme son ancêtre, qu'Athènes fasse le meilleur usage possible des fonds européens. Le travail sera chapeauté côté bruxellois par le vice-président de la Commission en charge de l'euro, Valdis Dombrovskis.

Nouveauté: la Grèce sera elle aussi dotée d'une "task force", qui servira d'interlocuteur à son équivalent bruxellois. Une manière de montrer que les discussions entre Athènes et ses créanciers ne sont plus aussi unilatérales que par le passé, quand les audits menés régulièrement par les bailleurs de fonds étaient vécus comme une humiliation en Grèce.

N.G. avec agences