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La Hongrie veut faire payer à l'UE 50% de sa clôture antimigrants

La Hongrie veut se faire rembourser la moitié de ses clôtures.

La Hongrie veut se faire rembourser la moitié de ses clôtures. - Attila Kisenedek - AFP

La Hongrie a envoyé une facture de 400 millions d'euros à la Commission européenne pour financer la protection de ses frontières. Si la commission accepte d'examiner la demande, elle précise que la solidarité européenne face à la crise migratoire n'est pas "un plat à la carte".

La Commission européenne s'est dite prête vendredi à "examiner" une demande d'aide de Budapest pour financer la protection de ses frontières, tout en lui rappelant que la solidarité européenne face à la crise migratoire n'était pas "un plat à la carte".

La Hongrie a annoncé jeudi avoir demandé à Bruxelles de lui rembourser la moitié des 800 millions d'euros qu'elle affirme avoir dépensés pour protéger la frontière extérieure de l'UE, incluant la construction d'une clôture sécurisée, l'une des mesures controversées de la politique migratoire du Premier ministre Viktor Orban. Le gouvernement hongrois estime qu'il s'agit d'une question de "solidarité européenne" dont l'UE doit faire "la démonstration concrète", et fait valoir que d'autres pays ont bénéficié de soutiens financiers.

La Commission européenne a plusieurs fois répété qu'elle pouvait soutenir la gestion des frontières extérieures de l'UE par le financement de mesures de surveillance ou d'équipements, mais qu'elle ne financerait pas de clôtures.

Interrogée par l'AFP sur la requête hongroise, l'exécutif européen a répondu vendredi que la Hongrie avait déjà reçu un soutien européen pour ses frontières dans le contexte de la crise migratoire. "Si la Hongrie demande maintenant un soutien supplémentaire, la Commission est prête à examiner rapidement une telle demande", a dit une porte-parole.

Disposé "à fournir l'assistance appropriée"

L'exécutif européen est disposé "à fournir l'assistance appropriée, si la situation le requiert, pour soutenir la gestion des frontières extérieures de l'UE dans le respect du droit européen", a-t-elle ajouté. Mais "nous ne devons pas oublier que la solidarité est une voie à deux sens", "ce n'est pas un plat à la carte", a-t-elle poursuivi.

La Hongrie s'est illustrée ces deux dernières années par son opposition frontale à la politique migratoire européenne, se refusant notamment à appliquer un plan européen de répartition de demandeurs d'asile depuis l'Italie et la Grèce, décidé en 2015 pour soulager ces deux pays en première ligne face aux arrivées de migrants. Budapest et Bratislava ont attaqué devant la justice ce plan dit de "relocalisation", qui prévoit des quotas d'accueil obligatoires pour les pays de l'UE. Un arrêt de la Cour de justice de l'UE est attendu le 6 septembre dans cette affaire.

Viktor Orban avait fait ériger une clôture de barbelés sur les 175 km de la frontière hungaro-serbe (sud) à l'été 2015, puis sur la majeure partie de la frontière hungaro-croate (sud). Budapest a ensuite achevé en 2017 la construction d'une deuxième clôture sécurisée sur le tracé de sa frontière serbe, parallèlement aux barbelés, équipée de caméras thermiques et de systèmes d'alarme. Ces clôtures sont une des mesures antimigrants de la Hongrie qui ont suscité les critiques de représentants de l'UE et des organisations de défense des droits.

D. L. avec AFP