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Ce que la Grèce a concédé à la zone euro

La liste transmise par le gouvernement grec va être examinée par les ministres des Finances de la zone euro.

La liste transmise par le gouvernement grec va être examinée par les ministres des Finances de la zone euro. - Aris Messinis - AFP

Le gouvernement grec a communiqué dans la nuit de lundi à mardi la liste de ses projets de réformes économiques, indispensable à la prolongation de quatre mois de l'assistance financière versée à Athènes.

La Grèce a donné la liste de ses réformes en temps et en heure. Athènes l'a communiqué à l'Eurogroupe, à la BCE, au FMI et à la Commission européenne vers minuit, dans la nuit du 23 au 24 février. 

Elle va à présent être examinée par les ministres des Finances des pays de la zone euro lors d'une téléconférence annoncée pour ce mardi après-midi.

Cette liste a été consultée par Reuters. Elle prévoit de réformer la politique fiscale, de combattre l'évasion fiscale et de revoir et maîtriser les dépenses publiques. D'après Le Monde, qui a également consulté ces 6 pages de liste, l'objectif est la modernisation poussée de l'administration fiscale.

Pour lutter contre la corruption dans l'administration, Athènes va réduire de 16 à 10 son nombre de ministères. Elle va réduire aussi le nombre de conseillers spéciaux et les frais des députés.

Par ailleurs, Athènes s'engage à supprimer les incitations au départ anticipé en retraite. Et le gouvernement grec annonce qu'il ne reviendra pas sur les privatisations menées à leur terme ou pour lesquelles un appel d'offres a été lancé.

La Grèce prévoit de réformer les salaires dans la fonction publique sans baisser les seuils ni accroître la masse totale. L'augmentation du salaire minimum sera décidée en consultation avec les partenaires de la Grèce. Pour l'instant, aucun chiffre n'est avancé.

Athènes affirme que son plan de lutte contre "la crise humanitaire" n'aura pas d'effet négatif sur le budget.

Pour Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe, "le gouvernement grec est très sérieux dans sa volonté de réformes".

Des dépenses compensées par des économies

La Commission européenne estimerait déjà que cette liste est suffisamment complète pour constituer un bon début, selon une source de l'Union européenne. "Du point de vue de la Commission, cette liste est suffisamment complète pour constituer un bon point de départ en vue d'une conclusion fructueuse de son examen", a précisé cette source. "Nous sommes notamment encouragés par l'engagement fort à combattre l'évasion fiscale et la corruption."

Conformément au compromis négocié in extremis vendredi soir entre la Grèce et ses partenaires de l'Eurogroupe, cette liste de réformes est indispensable à la prolongation de quatre mois de l'assistance financière versée à Athènes, qui écarte le risque d'une cessation de paiement.

L'accord conclu par la Grèce place aussi son Premier ministre Alexis Tsipras dans une situation délicate vis-à-vis de son électorat car le chef de file du parti de gauche anti-austérité Syriza avait promis de mettre fin à la coopération avec la "troïka", le trio réunissant Union européenne (UE), Banque centrale européenne (BCE) et Fonds monétaire international (FMI), honni d'une bonne part des Grecs.

"Remplacer l'expression 'troïka' par 'institutions', le plan d'aide par 'accord' et les créanciers par 'partenaires' ne change rien à la situation", a écrit sur son blogue Manolis Glezos, député européen de Syriza. "Je présente mes excuses au peuple grec parce que j'ai pris part à cette mascarade", poursuit-il. L'exercice du pouvoir s'avère donc aussi compliqué que prévu pour le jeune dirigeant grec.

D. L. avec agences