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La polémique sur le poste de Barroso chez Goldman Sachs relancée

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- - Riccardo Savi / Getty Images North America / AFP

La médiatrice de l'Union européenne a demandé jeudi au comité d'éthique de la Commission de réexaminer le dossier de José Manuel Barroso. L'ancien président de la Commission européenne travaille aujourd'hui pour la banque Goldman Sachs et est soupçonné de faire du lobbying auprès de l'UE.

La médiatrice de l'Union européenne a demandé jeudi au comité d'éthique de la Commission de réexaminer "la question de l'activité professionnelle" de l'ancien président de l'exécutif européen, José Manuel Barroso, aujourd'hui employé par Goldman Sachs et soupçonné de lobbying à Bruxelles.

Emily O'Reilly formule cette recommandation "étant donné que l'évaluation initiale du comité d'éthique se basait sur l'engagement de Monsieur Barroso à ne pas faire de lobbying auprès de la Commission" et que cette promesse a été remise en question "par une réunion" entre lui et "un vice-président de la Commission", le Finlandais Jyrki Katainen, explique-t-elle dans un communiqué.

"Je n'ai pas fait de lobbying auprès de l'UE et je n'en ferai pas", s'est immédiatement défendu José Manuel Barroso dans un tweet.

"Ce n'est rien !"

La rencontre évoquée par Mme O'Reilly a eu lieu le 25 octobre 2017 dans un hôtel de Bruxelles. "Cette réunion a été enregistrée comme réunion avec la banque Goldman Sachs et a donc été considérée comme une rencontre à des fins de lobbying", même si "Monsieur Barroso et le vice-président ont par la suite déclaré" qu'il s'agissait d'"une entrevue privée et personnelle", explique-t-elle.

Cette rencontre "est en accord total avec les règles", notamment parce qu'elle "a été rendue publique", avait déjà réagi fin février le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, avant de lancer un définitif: "Ce n'est rien !". "Nous n'avons jamais dit que José Manuel Barroso ne pouvait pas rencontrer de commissaires", avait-il insisté.

Dix ans à la tête de la Commission européenne

L'embauche en 2016 de José Manuel Barroso par la banque d'investissement américaine, après dix ans à la tête de la Commission (2004-2014), avait suscité une vive polémique, mais l'intéressé avait assuré dans une lettre à Jean-Claude Juncker qu'il n'avait "pas été engagé pour faire du lobbying" et qu'il n'en avait "pas l'intention".

Saisi, le comité d'éthique de la Commission, tout en désapprouvant le choix du Portugais, avait conclu qu'il n'avait pas violé les règles en vigueur. "L'engagement de Monsieur Barroso de ne pas exercer de lobbying au nom de Goldman Sachs répond au devoir d'intégrité et de discrétion imposés par le traité", avait-il conclu.

Une enquête ouverte il y a un an

La médiatrice précise avoir ouvert une enquête sur le Portugais, dès février 2017, soit bien avant sa rencontre avec Jyrki Katainen, à la suite de plusieurs plaintes, dont une adressée par "un groupe d'anciens et d'actuels membres du personnel de l'UE".

La Commission est par ailleurs vivement critiquée en raison de la promotion éclair et controversée du bras droit de Jean-Claude Juncker, l'Allemand Martin Selmayr, au poste stratégique de secrétaire général de cette institution.

J.-C.C. avec AFP