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Le numéro d'équilibriste de Fabius en Iran, entre politique et économie

Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius espère que les Iraniens traiteront avec les entreprises françaises qui font des produits de qualité.

Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius espère que les Iraniens traiteront avec les entreprises françaises qui font des produits de qualité. - Joe Klamar/ AFP

Deux semaines après l'accord sur le nucléaire, le ministre des Affaires étrangrères est en Iran ce mercredi.  Une visite avant tout diplomatique mais qui doit permettre aussi de relancer les relations commerciales entre Paris et Téhéran.

"Les questions économiques ou commerciales ne doivent pas nous faire reculer sur nos principes politiques", confidences de François Hollande lundi soir lors de son dîner avec la presse présidentielle. Autrement dit, Laurent Fabius, arrivé ce mercredi à Téhéran, n'aura pas à sortir du registre qui a été le sien durant les négociations nucléaires avec les Iraniens: celui de rempart aux compromissions supposées des autres Occidentaux. 

Les chefs d'entreprises absents 

"Cette visite est l'occasion pour l'Iran et la France de relancer leurs relations dans toute une série de domaines (...) notamment dans le domaine économique car il y a beaucoup de choses à faire ensemble", a déclaré le chef de la diplomatie française à son arrivée.

Pourtant, la France n'a pas emmené de délégation d'industriels ou de chefs d'entreprises à la différence de l'Allemagne. 

La semaine dernière, le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, n'avait pas hésité à voyager avec une douzaines de chefs d'entreprises. L'Allemagne en avait profité pour vanter une veille amitié, en rappelant que les premiers entrepreneurs allemands se sont rendus en Perse il y a 150 ans et que Goethe considérait le poète Persan Hafiz comme son frère jumeau. 

De toute façon, le chef de la diplomatie française sait qu'il ne doit pas s'attendre à de grands égards protocolaires. Le site d'information conservateur Mashregh news le présente comme un représentant des pétromonarchies et d'Israël. L'ambassadeur à Paris, lui-même, a estimé que la France va devoir "réparer". 

Les Iraniens pragmatiques en affaires

En clair, Paris et Téhéran ne vont pas afficher de sitôt des positions économiques, scientifiques et culturelles communes. Mais selon le président à Paris du Cercle Iran-économie, les Iraniens ont un sens aigu du réalisme. Leurs intérêts les conduiront à traiter avec les Français dès lors que le produit, le service et la qualité leur conviendront.

Un constat partagé par Frédéric Encel, maître de conférence à Sciences Po et docteur en géopolitique qui croit au sens des Iraniens pour le business: "Je ne suis pas convaincu que l'État et les entreprises iraniennes choisiront leurs partenariats en fonction de ce que fut la position de tel ou tel pays pendant les négociations", explique-t-il. "L'idéal serait quand même que dans les prochaines semaines, des capitaines d'industrie français aillent à Téhéran car les Allemands, les Italiens et les Britanniques, eux, n'attendront pas", prévient-il.

Benaouada Abdeddaïm