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Le pétrole va-t-il causer la faillite du Venezuela?

Plus de la moitié des recettes budgétaires du Venezuela proviennent du pétrole.

Plus de la moitié des recettes budgétaires du Venezuela proviennent du pétrole. - JUAN BARRETO - AFP

L'agence S&P a encore dégradé la note du Venezuela lundi, à un cran de celle des pays en défaut de paiement. En cause, la chute des prix du pétrole, qui pèse lourd dans les comptes.

Les nuages s'accumulent au-dessus du Venezuela. Le pays a vu sa note souveraine encore dégradée lundi soir par l'agence Standard and Poor's. Sa note -CCC- s'approche de celle que l'agence attribue aux des pays en défaut de paiement, située juste un cran en-dessous. Une conséquence de la baisse des prix du pétrole. Cette ressource naturelle a peut-être fait la force du pays, mais aujourd'hui, c'est sa grande faiblesse.

Pour équilibrer un tant soit peu son budget, le Venezuela a besoin d'un prix du baril à 120 dollars, car le pétrole assure au pays plus de la moitié de ses revenus. La chute des derniers mois a dès lors plongé le pays dans le chaos le plus total.

Sur le plan social, les manifestations et débordements sont de plus en plus fréquents, car la pénurie de produits alimentaires et de santé va crescendo. Et pour l'instant les autorités se sont bornées à réquisitionner des chaînes de magasins et de pharmacies. Le gouvernement accuse le secteur privé de favoriser artificiellement les pénuries en cachant produits et denrées alimentaire pour provoquer "la colère et la souffrance du peuple" et créer une vague de mécontentement contre les autorités.

Vers une hausse des prix à la pompe

Toujours est-il que la question d'un défaut se pose de plus en plus ouvertement. D'ailleurs Standard and Poor's ne l'exclut plus. Outre la chute du pétrole, l'agence invoque l'aggravation de la crise sociale et politique. Elle se réserve la possibilité d'abaisser encore la notation du pays à moyen terme.

"Le pétrole ne remontera jamais à 100 dollars, mais Dieu pourvoira aux destinées du Venezuela", déclarait il y a quelques jours -visiblement désemparé, Nicolas Maduro, le président vénézuelien. Désemparé au point d'envisager l'inenvisageable? Le dirigeant a lancé une campagne pour relever le prix de l'essence dans le pays, qui, à la pompe est vendu moins de 2 centimes le litre.

Aucun gouvernement n'a jamais osé revenir sur cet avantage, acquis il y a une vingtaine d'année. Cette fois c'est un cas de force majeure: subventionner cette essence à bas prix aurait coûté à l'Etat en 2013 la modique somme de 15 milliards de dollars. De quoi passer outre les craintes d'un nouveau "Carazaco", les émeutes meurtrières intervenues en 1989, quand le pouvoir vénézuelien avait annoncé une hausse des prix à la pompe. 

Guillaume Paul avec AFP