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Le "protectionnisme croissant" préoccupe la BCE

Mario Draghi estime que le protectionisme fait peser des risques sur la croissance en Europe.

Mario Draghi estime que le protectionisme fait peser des risques sur la croissance en Europe. - Daniel Roland - AFP

Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a déclaré constater des risques de "protectionnisme croissant" et s'en inquiéter, ce jeudi à l'occasion de sa conférence de presse bimestrielle.

La Banque Mondiale et le FMI avaient déjà fait part de leurs préoccupations quant aux menaces de sanctions commerciales agitées ces derniers jours par Washington. Au tour de la BCE ce jeudi. La Banque centrale européenne estime que le "protectionnisme croissant" pourrait menacer la croissance en zone euro, a déclaré jeudi son président Mario Draghi.

Les risques pesant sur la croissance "sont principalement liés à des facteurs globaux incluant le protectionnisme croissant et les développements sur le marché des changes et les autres marchés financiers", a dit à la presse Mario Draghi, sur fond de craintes de guerre commerciale entre les États-Unis et leurs partenaires.

Un risque sérieux pour la croissance

La dernière sortie de Mario Draghi sur ce thème datait de la réunion des banquiers centraux en août dernier à Jackson Hole, aux États-Unis, au cours de laquelle il avait appelé à "résister aux tentations protectionnistes". "Un virage vers le protectionnisme poserait un risque sérieux pour la croissance de la productivité et la croissance potentielle de l'économie mondiale", avait-il affirmé.

Le président américain Donald Trump a annoncé il y a une semaine son intention d'imposer 25% de taxes sur les importations d'acier et 10% sur celles d'aluminium, ravivant le spectre de sanctions commerciales croisées. Le commissaire européen Pierre Moscovici a assuré jeudi que l'UE disposait d'un "arsenal de mesures" si Washington mettait à exécution ses menaces, avec des taxes ciblées "sur des produits comme les oranges, le tabac, le bourbon", fabriqués dans des circonscriptions tenues par le parti républicain de Donald Trump.

La Chine a elle aussi fait savoir jeudi qu'elle riposterait à d'éventuelles taxes américaines, par la voix de son ministre des Affaires étrangères. Pékin a déjà ouvert une enquête antidumping sur le sorgho des États-Unis et n'exclut pas de cibler leurs exportations de soja.

La BCE prévoit plus de croissance en 2018

La Banque centrale européenne a annoncé jeudi avoir abaissé sa prévision d'inflation en zone euro pour 2019, alors qu'elle se montre plus optimiste pour la croissance de la région en 2018. L'institution de Francfort escompte désormais une inflation de 1,4% en 2019, contre 1,5% selon ses dernières prévisions datant de décembre, mais table sur une croissance de 2,4% en 2018, contre 2,3% jusqu'ici. Elle a par ailleurs maintenu ses taux directeurs au plus bas mais renonce désormais à renforcer son programme de rachats de dette, surnommé "QE", amorçant ainsi un prudent retrait de son vaste soutien à l'économie.

N.G. avec AFP