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Le yuan chinois devient monnaie officielle au Zimbabwe

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Dès le 1er janvier, la devise chinoise pourra être utilisée au quotidien par les Zimbabwéens privés de monnaie nationale depuis 2009. Une victoire de plus pour Pékin qui rêve de voir le yuan s'imposer au niveau international.

C'est un nouveau jalon posé par Pékin pour figurer dans la cour des grandes puissances, celles dont la monnaie fait référence. A compter du 1er janvier, le yuan (ou remimbi) côtoiera le dollar américain, le rand sud-africain et le pula du Botswana dans les poches des habitants du Zimbabwe.

Il faut dire que la situation de ce pays est particulière. Il n'a plus de devise nationale depuis 2009. La réforme agraire ratée du président-dictateur Robert Mugabe a conduit à une grave crise économique que le gouvernement a tenté d'enrayer en faisant marcher la planche à billet. Résultat: une hyperinflation dépassant 500.000.000.000% selon le FMI. En 2009, la valeur faciale de la dernière coupure du dollar zimbabwéen mise en circulation par la banque nationale du pays avait atteint un niveau surréaliste: 100.000 milliards!

Cet emballement colossal avait forcé le pays à enterrer son dollar et employer à la place des devises étrangères. Cet été, les derniers détenteurs de billets pouvaient les échanger à la banque centrale au cours de 1 dollar pour 35 millions de milliards zimbabwéens. Un taux de change absolument vertigineux.

Xi Jinping s'est mobilisé pour imposer le yuan

Le yuan a, lui, intégré voici plusieurs mois le panier des devises qui constituent les réserves de change du Zimbabwe. Et donc, dès 2016, il pourra être utilisé pour tous les paiements de la vie quotidienne. Pour réussir à imposer ainsi sa monnaie, la République populaire de Chine a multiplié les gestes de bonne entente. Xi Jinping, le président, dont les déplacements sont rares, s’est rendu personnellement à Harare, la capitale, au début du mois de décembre, avec quelques arguments dans la manche.

La Chine qui est aujourd’hui le premier partenaire commercial du pays, a accepté d’effacer une dette de 40 millions de dollars américains que devait le Zimbabwe et lui a promis un prêt de 1 milliard de dollars, à taux bas. Plusieurs accords, visant principalement à améliorer et à reconstruire les infrastructures ont également été signés.

Des gestes peu coûteux pour la première puissance économique mondiale dont la devise acquiert en échange une plus grande légitimité. Du côté du gouvernement Zimbabwéen c’est une opération gagnante. Le président Robert Mugabé, qui s’exprimait mardi, espère bien qu’elle facilitera "l’injection de liquidités" et se prend même à rêver que cet accord "puisse redonner un coup de fouet à l’économie du pays". Boudé par ses anciens partenaires occidentaux en raison de son non-respect des Droits de l’Homme, le Zimbabwe regarde plus que jamais en direction de l’Orient..

Elisabeth Hu