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Les grands patrons britanniques gagnent 183 fois le salaire d'un employé moyen

L'écart entre les rémunérations des dirigeants du Footsie et le salaire moyen n'a cessé de croître depuis 2010.

L'écart entre les rémunérations des dirigeants du Footsie et le salaire moyen n'a cessé de croître depuis 2010. - IgnisFatuus - Wikimedia Commons - CC

En moyenne, les directeurs généraux des 100 entreprises composant l'indice Footsie de la Bourse de Londres ont touché 4,964 millions de livres, selon une étude du High Pay Center publiée ce lundi 17 août.

Les rémunérations des grands patrons britanniques continuent de flamber. En témoigne la dernière étude High Pay Center publiée ce lundi 17 août. Selon le rapport établi par ce think tank, les directeurs généraux des 100 entreprises composant l'indice Footsie, le cousin britannique du CAC40, ont en moyenne gagné 4,964 millions de livres (environ 6,98 millions d'euros) contre 4,923 millions de livres en 2013 et 4,123 millions en 2010.

Cela représentait 183 fois la paie moyenne d'un employé à plein temps au Royaume-Uni. Les patrons gagnaient 182 fois plus en 2013 et 160 fois plus en 2010, selon l'étude du High Pay Centre.

"Les rémunérations de cette taille vont bien au-delà de ce qui est raisonnable ou nécessaire pour récompenser ou encourager les dirigeants", a estimé Deborah Hargreaves, directrice du centre d'étude, qui se présente comme non-partisan.

Les actionnaires ont le pouvoir de faire entendre leur opposition lors des assemblées générales, ce qui arrive parfois: une majorité avait ainsi voté contre la paie du patron du groupe de luxe Burberry l'an dernier. Mais en moyenne seulement 6,4% des actionnaires ont voté contre les rémunérations des patrons des entreprises du FTSE-100.

"Des niveaux stratosphériques"

Les grands groupes sont obligés depuis 2013 de publier des chiffres plus transparents sur la paie des patrons, qui en général reçoivent en plus de leur salaire de base des bonus, stock-options et autres avantages. "Toutefois il est clair que ces réformes n'ont pas du tout fait assez pour commencer à bâtir une culture de la rémunération dans laquelle tout le monde est récompensé équitablement et proportionnellement pour son travail", a jugé Deborah Hargreaves.

"L'inégalité a atteint des niveaux stratosphériques", a réagi Frances O'Grady, la secrétaire générale de la confédération syndicale TUC. "Après des années de chute du niveau de vie, c'est une honte que les dirigeants d'entreprises s'arrogent une part toujours plus importante des fruits de la croissance. Nous avons besoin d'une reprise qui bénéficie au plus grand nombre et pas seulement à quelques-uns", a-t-elle ajouté.

Un porte-parole de la Confédération des industries britanniques (CBI), la principale organisation patronale du pays, a souligné auprès de l'AFP que "les rémunérations élevées ne sont justifiées que par des performances exceptionnelles et il doit toujours y avoir un lien clair entre les deux". "Les actionnaires ont désormais le droit de voter sur les politiques de paie des entreprises et il est important qu'ils se servent efficacement de ce droit", a-t-il conclu.

J.M. avec AFP