BFM Business
Economie et Social

L'Europe espère assurer la moitié des vols malgré le nuage

L'Europe espère assurer ce lundi jusqu'à la moitié des vols effectués d'ordinaire sur le continent, après quatre jours de paralysie du trafic aérien pour cause de nuage de cendres volcaniques./Photo prise le 18 avril 2010/REUTERS/Régis Duvignau

L'Europe espère assurer ce lundi jusqu'à la moitié des vols effectués d'ordinaire sur le continent, après quatre jours de paralysie du trafic aérien pour cause de nuage de cendres volcaniques./Photo prise le 18 avril 2010/REUTERS/Régis Duvignau - -

par Caroline Copley LONDRES - L'Europe espère assurer ce lundi jusqu'à la moitié des vols effectués d'ordinaire sur le continent, après quatre...

par Pete Harrison

BRUXELLES (Reuters) - Les ministres des Transports de l'UE ont décidé lundi de réduire peu à peu l'interdiction du trafic aérien aux zones où persistent les plus fortes concentrations de cendres volcaniques venant d'Islande, sous la pression de compagnies aériennes qui subissent de fortes pertes.

"Un accord a été trouvé", a indiqué une source diplomatique au sein de la présidence espagnole de l'UE en précisant que les zones les plus proches du volcan resteraient fermées au trafic aérien. Deux autres zones plus éloignées du cratère seront rouvertes, moyennant restrictions et contrôles de sécurité.

Certains pays commencent à rouvrir leur espace aérien, mais les autorités s'attendent à moins d'un tiers de vols assurés lundi, après cinq jours de perturbations du secteur aérien qui ont bloqué voyageurs et fret dans le monde entier.

"Sur un plan national et européen, nous avons décidé d'évoluer petit à petit vers une normalisation, dans le cadre de stricts impératifs de sécurité", a déclaré le ministre allemand des Transports, Peter Ramsauer, à la chaîne N24.

Lundi soir, la Météorologie britannique (Met) annonçait qu'une partie du nuage de cendres volcaniques dérivait au-dessus de l'océan Atlantique où il effleure désormais les côtes du Canada. Mais le Met ne s'attend pas à ce qu'il pénètre plus avant en Amérique du Nord.

A l'issue d'une visioconférence, les ministres des Transports des Vingt-Sept ont décidé de restreindre l'interdiction totale de vol aux zones où subsistent les plus fortes concentrations de particules volcaniques, dissociant ainsi les zones d'interdiction et de précaution.

REPRISE PROGRESSIVE EN FRANCE DEMAIN

Le ministre néerlandais des Transports, Camiel Eurlings, a déclaré que des avions de ligne seraient autorisés à décoller de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol avec des voyageurs dès lundi soir.

En France, le trafic aérien reprendra peu à peu dans tout le pays mardi matin, le territoire national étant considéré comme "zone de précaution" après les vols tests effectués par Air France-KLM en France, en Allemagne et aux Pays-Bas.

Cela permettra la mise en place mardi à 08h00 de corridors aériens entre Paris et les aéroports du Sud, a dit le Premier ministre François Fillon. Les aéroports au nord d'une ligne Nantes-Nice seront peu à peu rouverts et au sud de cette ligne, Nantes compris, les aéroports demeurent accessibles. L'aéroport de Lyon devait rouvrir dès lundi à 20h00.

La Roumanie a annoncé lundi soir avoir rouvert son espace aérien dans sa totalité. A Rome, la direction de l'aviation civile a annoncé que l'espace aérien italien rouvrirait à partir de mardi à 06h00 GMT.

En Allemagne, "les compagnies aériennes peuvent présenter une demande d'autorisation en vue d'assurer, suivant une procédure pragmatique et sûre, le retour de voyageurs bloqués à l'étranger", a dit Peter Ramsauer. "Nous pouvons autoriser un trafic limité vers l'Allemagne (...) Dix compagnies ont présenté de telles demandes", a ajouté le ministre.

Le secteur aérien, qui évalue ses pertes à 250 millions de dollars par jour, jugeait trop rigide l'application du principe de précaution depuis qu'un nuage de cendres volcaniques est arrivé dans le ciel européen depuis l'Islande.

La Commission européenne se dit prête à verser des indemnités aux compagnies aériennes. Dans la journée, l'Association internationale du transport aérien (Iata) avait appelé l'UE à rouvrir les espaces aériens du continent.

VOLUME DE VOLS EN BAISSE DE 70%

Entre 8.000 et 9.000 vols ont pu être effectués lundi, soit 30% du volume normal, selon l'agence européenne de l'aviation civile. Selon les données fournies par Eurocontrol, 80.000 vols ont été annulés depuis jeudi en Europe.

En Islande, le volcan Eyjafjöll crache plus de lave et moins de cendres, signe encourageant pour la reprise du trafic.

Après de nouvelles fortes secousses autour du volcan, le panache est retombé à une altitude d'environ 2.000 mètres, contre 11.000 au début de l'éruption, mercredi. "Nos caméras montrent qu'il n'y a plus beaucoup de cendres maintenant et principalement de la vapeur", a constaté un responsable des services météo islandais.

Mais dans le monde, des millions de passagers restent en attente d'un vol pour regagner leurs foyers.

En France, la priorité des compagnies aériennes sera le rapatriement des ressortissants français, dont environ 200.000 sont immobilisés à l'étranger selon leurs estimations.

Le Royaume-Uni a mobilisé trois navires de la Royal Navy pour rapatrier ses citoyens. Selon l'association britannique des voyagistes, environ 150.000 d'entre eux sont bloqués.

L'effet de la paralysie sur l'activité commerciale se fait aussi ressentir. Au Kenya, les horticulteurs ont annoncé perdre jusqu'à deux millions de dollars par jour. Un tiers des importations de fleurs européennes provient du Kenya.

Des entreprises de Grande-Bretagne ont signalé l'absence de nombreux employés qui n'ont pu rentrer à temps de vacances.

Certains grossistes alimentaires sont aussi dans l'embarras.

Les vols d'essai menés durant le week-end n'ont révélé aucun incident lié aux cendres volcaniques. Mais des dépôts de verre ont été retrouvés dans le réacteur d'un chasseur F-16 de l'Otan, a rapporté lundi un responsable américain.

Avec bureaux de Londres, Genève, Dublin, Paris, Amsterdam, Bruxelles, Reykjavik, Washington, Francfort et Berlin. Gregory Schwartz et Philippe Bas-Rabérin pour le service français