L'huile de palme "durable" progresse à pas comptés en Europe

par Gus Trompiz PARIS - Plusieurs grands industriels et distributeurs membres de l'association RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil) ont...

par Gus Trompiz

PARIS (Reuters) - Plusieurs grands industriels et distributeurs membres de l'association RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil) ont augmenté récemment leurs achats d'huile de palme certifiée "durable" face aux critiques visant ce produit accusé de nuire à la fois à la santé et à l'environnement.

Le géant de l'alimentation Unilever, premier acheteur mondial d'huile de palme, a annoncé mercredi qu'il doublerait cette année ses achats de production certifiée durable, pour les porter à 400.000 tonnes.

De son côté, Carrefour s'est engagé à acheter des certificats équivalents au volume d'huile de palme entrant dans la composition des produits vendus sous sa propre marque en France, soit environ 10.000 tonnes, un geste symbolique destiné à promouvoir la production "durable" et à encourager ses fournisseurs à modifier leur politique d'approvisionnement.

Les entreprises membres de la RSPO s'exprimaient lors d'un débat organisé par Thomson Reuters à Paris.

Les producteurs indonésiens et malaisiens d'huile de palme sont depuis plusieurs semaines sous le feu des critiques, accusés de provoquer la déforestation.

"C'est un aspect de l'industrie de l'huile de palme qui doit changer", a déclaré Gavin Neath, vice-président d'Unilever.

Le groupe anglo-néerlandais pratique la politique de la carotte et du bâton vis-à-vis de ses fournisseurs, a-t-il expliqué, en achetant plus cher la production certifiée durable tout en gelant ses relations avec le groupe indonésien Sinar Mas, accusé d'être responsable de la déforestation.

Comme Unilever, Nestlé a gelé le mois dernier ses achats à Sinar Mas.

LES DISTRIBUTEURS FRANÇAIS MAL CLASSÉS EN 2009

Un porte-parole d'Unilever en Indonésie a déclaré mercredi que le groupe pourrait reprendre ses achats à Sinar Mas si celui-ci était blanchi des accusations portées à son encontre.

L'huile de palme certifiée durable, plus chère que l'huile ordinaire, ne représente pour l'instant que 5% environ de la production globale.

Mais les chiffres publiés par la RSPO sur son site internet montrent une augmentation des achats de certificats cette année, qui ont pratiquement égalé la production durable en janvier et l'ont dépassée en mars pour la première fois.

En France, la controverse sur l'huile de palme, qui concerne aussi son impact sur la santé, a conduit plusieurs industriels et distributeurs à réduire, voire à supprimer sa présence dans leurs produits et leurs rayons ces dernières semaines.

Carrefour a annoncé qu'il remplacerait l'huile de palme entrant dans la composition des produits vendus sous sa marque chaque fois qu'un meilleur ingrédient de remplacement serait disponible. Le groupe a déjà opté pour l'huile de tournesol pour la fabrication de ses chips.

Casino, lui, a promis le mois dernier que plus de 200 produits alimentaires vendus dans ses magasins seraient certifiés "sans huile de palme" d'ici la fin de l'année et que cette mesure s'appliquerait par la suite à 370 autres produits. L'huile de palme sera, dans ces cas, remplacée par l'huile de tournesol ou de colza.

Selon une étude du Fonds mondial pour la nature (WWF) réalisée en 2009 sur l'usage de l'huile de palme durable (c'est-à-dire bénéficiant d'une garantie que sa production n'est pas liée à la déforestation) auprès de 59 entreprises européennes, Carrefour se classait au 15e rang, Leclerc au 41e, tandis qu'Auchan, Casino et les Mousquetaires (Intermarché) figuraient dans le peloton de queue.

Avec Sibylle de La Hamaide, Marc Angrand pour le service français, édité par Dominique Rodriguez