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L'indépendance, une option risquée pour la Catalogne

Selon UBS, l'indépendance catalane pourrait entraîner une baisse de 20% du PIB de la région

Selon UBS, l'indépendance catalane pourrait entraîner une baisse de 20% du PIB de la région - -

Les électeurs catalans ont donné raison aux partis nationaliste et indépendantistes, lors d'une élection régionale, ce dimanche 25 novembre. Toutefois, quitter Madrid n'est pas une panacée économique pour la Catalogne.

Les Catalans ont donné leur voix aux nationalistes et aux indépendantistes, ce dimanche 25 novembre, lors de l’élection régionale. Appelé aux urnes, ils ont à nouveau accordé la majorité de leurs votes à la coalition nationaliste conservateur (CiU), au Parlement catalan, selon les premiers sondages. Le CiU n'obtient toutefois pas la majorité aboslule en raison, notamment , d'un forte poussée de la gauche indépendantiste.

La CiU est dirigée par Artur Mas, déjà président de la région catalane, qui a promis la tenue d’un référendum sur l’autodétermination de la Catalogne dans les quatre ans, en cas de victoire.

Autant dire que cette élection régionale a donc eu des allures de test pour le nationalisme catalan.

Les raisons de cette poussée indépendantiste sont nombreuses, mais il s’agit surtout pour Barcelone de mettre fin à ce qu’elle considère comme une injustice fiscale.La Catalogne affirme contribuer pour 70 milliards d'euros au titre des impôts, et n'en récupérer que 16 milliards, soit un déficit de 16 milliards selon ses calculs, ce que Madrid conteste formellement. La région cherche ainsi à collecter elle-même l’impôt levé auprès de ses contribuables. Elle avait aproposé à l’Etat espagnol un pacte fiscal en ce sens, qui a été refusé le 20 septembre dernier.

Et, avant le scrutin, Artur Mas a eu beau jeu de souligner que sa région a les reins assez solides pour vivre sans Madrid. Vendredi, il avait ainsi déclaré que "Si la Catalogne avait son propre Etat, actuellement ce serait, par la création de richesse par habitant, le septième pays de l’Union européenne".

Des conséquences défavorables

Il est en tout cas est vrai que la Catalogne est loin d’être la région la plus pauvre : avec un PIB de 200 milliards d’euros, soit 27 430 euros par habitant en 2011, la région est la quatrième des 17 régions d’Espagne, au-dessus de la moyenne nationale (23 271 euros) et de l’Union européenne (25 134 euros).Par ailleurs, elle représente 18,7% du PIB espagnol, pour 7,5 millions d’habitants, et surtout 30% des exportations du pays, avec pour principaux destinataires, la France et l’Allemagne.

Mais, Artur Mas tente surtout de rassurer la population. Car il est très difficile de croire qu’une scission avec l’Etat espagnol n’aurait pas de conséquences défavorables pour la région, dont les finances sont fragiles. La Catalogne est, en effet, la province la plus endettée d’Espagne avec un dette qui pèse pour plus de 22% de son PIB. Elle avait, en ce sens, du demander une aide de 5 milliards d’euros à Madrid.

Cette situation tendue pour les finances publiques pourrait se compliquer davantage en cas d’indépendance. Si la région quitte l’Espagne, elle quittera par la même l’Union européenne. Or "quitter l’Espagne et l’UE pourrait signifier une réduction du PIB d’un cinquième dans les premières années", affirment les analystes du Crédit Suisse. Ce qui, évidemment, se traduira par des rentrées fiscales moindres pour la région.

Les entreprises s'inquiètent

Et le cabinet IHS de souligner qu’en plus, le cas espagnol pourrait entraîner dans son sillage d’autres régions (l’Ecosse notamment) alors que l’indépendance "n’offrira aucune solution immédiate à une sortie de crise" pour la Catalogne.

Enfin, plusieurs chefs de grandes entreprises s’inquiètent de cette poussée indépendantiste, menaçant de quitter le territoire en cas de sécession. Parmi eux, Seat, Nestlé ou Nissan, qui pourraient relocaliser leur siège régional, et fuir ainsi la région. Cité par le Guardian, le chef du groupe hispanique Planeta (une des plus grandes compagnies espagnoles), José Manuel Lara, a déclaré que "Si la Catalogne venait à devenir indépendante, Grupo Planeta devra partir. Aucun média ne peut être basé dans un pays étranger, qui parle une langue différente".

"Lorsqu’il y a eu séparation entre la République tchèque et la Slovaquie, le commerce a été réduit de 75% dans les trois premières années et aujourd’hui c’est 50% environ", s’alarme, de son côté, Mariano Ganduxer, président de Fem Pinya, organisation qui regroupe 170 entreprises.

N'oublions pas non plus les marchés: il est probable que les différentes places européennes soient très volatiles, lundi à l'ouverture, après l'annonce de ces résultats.

Julien Marion et AFP