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L'UE met en place un plan de stabilisation de la zone euro

La ministre de l'Economie espagnole, Elena Salgado, dont le pays assure actuellement la présidence de l'Union européenne. Décidée à mettre un terme à la contagion de la crise grecque, l'Union européenne a frappé un grand coup dans la nuit de dimanche à lu

La ministre de l'Economie espagnole, Elena Salgado, dont le pays assure actuellement la présidence de l'Union européenne. Décidée à mettre un terme à la contagion de la crise grecque, l'Union européenne a frappé un grand coup dans la nuit de dimanche à lu - -

Décidée à mettre un terme à la contagion de la crise grecque, l'Union européenne a frappé un grand coup dans la nuit de...

par Julien Toyer

BRUXELLES (Reuters) - Décidée à mettre un terme à la contagion de la crise grecque, l'Union européenne a frappé un grand coup dans la nuit de dimanche à lundi en mettant en place un plan de stabilisation de 750 milliards d'euros en lien avec le Fonds monétaire international.

Dans le même temps, la Banque centrale européenne a annoncé qu'elle allait commencer à acheter de la dette publique et privée de la zone euro afin de contribuer à cet effort international, également endossé par le G7.

Le mécanisme sur lequel se sont mis d'accord les ministres des Finances des Vingt-Sept consiste en un fonds communautaire de 60 milliards d'euros, mobilisable à très court terme afin de venir en aide à un pays en difficulté.

A cela s'ajoute une garantie de 440 milliards d'euros de la part des Etats membres de la zone euro et des pays n'ayant pas adopté la monnaie unique, comme la Suède et la Pologne, afin de constituer une nouvelle entité capable de lever des fonds sur les marchés financiers pour ensuite acheter de la dette publique de pays fragilisés .

Le montant des obligations d'Etat qui pourraient être ainsi rachetées serait de 500 milliards mais, estiment des sources communautaires, il est également possible que cette somme soit relevée via l'utilisation de mécanismes financiers.

Par ailleurs, le Fonds monétaire international s'est engagé à accompagner cet effort en cas de besoin à hauteur d'"au moins la moitié", soit 250 milliards d'euros précisait-on dans la nuit, via des prêts .

"Ce sont des mesures fortes qui contribueront à la stabilité économique et financière globale", a commenté le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn.

Selon le texte des conclusions de la réunion, ce mécanisme repose sur l'article 122-2 du traité - qui permet de venir en aide à un Etat membre confronté à de "graves difficultés" - et il restera en place aussi longtemps que nécessaire pour garantir la stabilité financière.

En revanche, le mécanisme spécial de 440 milliards d'euros garanti par les Etats de la zone euro "expirera après trois ans", est-il écrit, mais plusieurs sources haut placées au sein de la zone euro ont indiqué qu'il serait prolongé dans sa forme actuelle ou via la création d'une nouvelle entité.

LA BCE ACHÈTERA DE LA DETTE PUBLIQUE

Quelques minutes à peine après l'annonce de l'accord à Bruxelles, à l'issue de douze heures d'intenses discussions entre ministres, la Banque centrale européenne dévoilait par communiqué son intention de commencer à acheter de la dette publique et privée de la zone euro.

Il s'agit d'une décision historique de l'institution de Francfort qui, la semaine dernière, était restée sourde aux appels en faveur de l'utilisation de ce type de mesures.

De son côté, le G7 a lui aussi émis un texte dans lequel il se félicite des décisions prises par les Etats de la zone euro afin de remettre leurs finances publiques sur la voie de la soutenabilité et par les autres Etats membres de l'UE de répondre aux besoins de financement de leurs pairs.

Les Bourses se sont immédiatement redressées lundi matin en Asie. Même mouvement pour la monnaie unique européenne, qui a atteint jusqu'à 1,2950 dollar contre 1,27 vendredi soir à New York et s'échangeait en milieu de matinée sur le continent asiatique (vers 03h00 GMT) à 1,29 dollar.

Les économistes estimaient que pas moins de 500 milliards d'euros auraient été nécessaires le cas échéant pour sauver l'Irlande, le Portugal et l'Espagne.

En l'échange de ces concessions historiques de la part de l'Allemagne, où ce type de mécanisme était encore inenvisageable il y a quelques jours, ces deux derniers pays annonceront d'ailleurs d'ici le 18 mai de nouvelles réductions de leurs déficits publics pour 2010 et 2011.

SOULAGEMENT DES MINISTRES

A Bruxelles, les négociations ont longtemps achoppé sur le refus allemand de s'engager sur des garanties, Berlin préférant mettre en place un nouveau plan de prêts bilatéraux sur le modèle de celui décidé pour la Grèce et dont les premiers versements ont été décidés dimanche.

La journée a été ponctuée de nombreuses interruptions de séance et d'une longue série de réunions et de conversations téléphoniques bilatérales entre ministres et dirigeants européens afin de vaincre les dernières réticences.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s'est entretenu avec Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.

Le président français et la chancelière allemande, à leur tour, ont eu un échange téléphonique avec le président américain Barack Obama.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schaüble, a dû être admis lui en observation dans un hôpital de Bruxelles après avoir mal réagi à la prise d'un médicament et Berlin a dépêché dans l'urgence le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maiziere, pour diriger sa délégation.

Mais après l'inquiétude d'un long week-end entamé à l'ouverture du sommet de l'Eurogroupe vendredi après-midi, le sentiment de soulagement était palpable parmi les ministres.

"A circonstances exceptionnelles, réaction exceptionnelle", a dit la ministre espagnole, Elena Salgado.

Son homologue française, Christine Lagarde, a de son côté salué une "solution consolidée, cohérente et déterminée". "Le pavé qu'on jette, c'est 500 milliards d'euros, avis aux marchés", a-t-elle dit.

Edité par Henri-Pierre André