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Macron critique la présence du FMI dans les négociations avec Athènes

Emmanuel Macron a appelé le FMI à ne pas ajouter de conditions au plan d'aide à la Grèce

Emmanuel Macron a appelé le FMI à ne pas ajouter de conditions au plan d'aide à la Grèce - Luisa Gouliamaki - AFP

Le président de la République a déclaré que "la présence du FMI" dans les négociations avec Athènes a été "le symptôme d'un manque de confiance entre les pays européens".

Le président français Emmanuel Macron a souhaité jeudi à Athènes une participation de "bonne foi" du FMI à la fin du programme grec, "sans ajouter des conditionnalités supplémentaires", semblant regretter que l'UE ait fait appel à cette institution dans les années passées.

"La place que le FMI aura dans cette fin de négociation doit se faire en bonne foi et sans ajouter des conditionnalités supplémentaires", a lancé Emmanuel Macron devant le Premier ministre grec Alexis Tsipras. Il a semblé indiquer qu'il n'aurait pas été favorable à l'intervention du FMI pour aider la Grèce ou le Portugal : "La crédibilité, la souveraineté de l'Europe justifiaient sans doute de faire différemment, et la présence du FMI a été le symptôme d'un manque de confiance entre pays européens et parfois même entre les pays européens et les institutions européennes", a-t-il martelé.

Les deux premiers plans

Il a semblé regretter qu'il ait fallu faire appel à l'institution de Washington pour aider la Grèce ou le Portugal ces dernières années: "La crédibilité, la souveraineté de l'Europe justifiaient sans doute de faire différemment, et la présence du FMI a été le symptôme d'un manque de confiance entre pays européens et parfois même entre les pays européens et les institutions européennes", a-t-il martelé.

Le FMI avait financièrement participé aux deux premiers programmes de sauvetage de la Grèce en 2010, lors de l'éclosion de la crise de la dette, et en 2012.

Mais au troisième programme signé avec l'actuel gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras en 2015 et qui prend fin en 2018, le FMI ne participera qu'à la toute fin, et sous condition d'allègement de la dette par les Européens.

"Accord positif"

"Nous savons très bien que le programme justifiera des allégements de la dette (...) il n'est jamais de bonne méthode de s'exprimer sur ce qu'on compte faire en cas de désaccord", a poursuivi le président français, venu à Athènes poser les bases d'une refondation de l'Europe.

"J'ai pour ma part la certitude que nous saurons trouver avec le FMI un accord positif, a-t-il toutefois ajouté, puisque la solution que nous défendons me paraît totalement compatible avec ce qui compte le plus pour le FMI, c'est-à-dire une situation crédible de sortie de crise".

Le président français a résumé ensuite ironiquement ce qu'il pensait des discussions les plus techniques sur l'avenir de la Grèce : "collectivement nous ne devons épuiser ni nos ministres ni nos fonctionnaires dans des nuits et des semaines de discussion pour savoir quel est le taux de croissance à la décimale près dans 20 ou 25 ans. Si vous étiez en capacité de me dire le taux de croissance de mon pays dans trois ans, je serais pour ma part très heureux", a-t-il souri.

Avant de dénoncer "le côté parfois lunaire" de ce genre de discussion, et d'appeler au retour "du bon sens et de l'esprit pratique".

"Je suis pour ma part confiant sur la suite des discussions, je souhaite que dans la durée notre Europe puisse s'organiser pour qu'en cas de crise (on évite de) faire appel à une institution internationale dont ce n'est pas la vocation première".

Une volonté de "réformer l'Europe"

Emmanuel Macron a également lancé jeudi à Athènes un appel solennel à "refonder l'Europe".

"Ce soir je veux que collectivement nous retrouvions la force de refonder notre Europe, en commençant par l'examen critique sans concession de ces dernières années", a annoncé le président français, aux côtés du Premier ministre grec Alexis Tsipras.

J.M. avec AFP