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De nouvelles mesures d'austérité en vue pour la Grèce

Vue du Parthénon, à Athènes. Les discussions entre la Grèce, les autorités européennes et le Fonds monétaire international pourraient aboutir à des coupes dans les salaires du public et du privé et à une nouvelle augmentation de la fiscalité en échange d'

Vue du Parthénon, à Athènes. Les discussions entre la Grèce, les autorités européennes et le Fonds monétaire international pourraient aboutir à des coupes dans les salaires du public et du privé et à une nouvelle augmentation de la fiscalité en échange d' - -

par Renee Maltezou et Dina Kyriakidou ATHENES - Les discussions entre la Grèce, les autorités européennes et le Fonds monétaire international...

par Renee Maltezou et Dina Kyriakidou

ATHENES (Reuters) - Athènes va adopter des mesures d'austérité plus sévères pour rassurer les marchés et ses partenaires européens, au risque cependant de subir l'opposition frontales des syndicats grecs.

Les discussions entre la Grèce, les autorités européennes et le Fonds monétaire international pourraient aboutir à des coupes dans les salaires du public et du privé et à une nouvelle augmentation de la fiscalité en échange d'un plan d'aide financière sur trois ans, ont déclaré jeudi plusieurs responsables syndicaux.

"Ils (le FMI et l'UE) veulent que la Grèce réduise son déficit de 10 points de pourcentage en 2010 et 2011 afin que la Grèce puisse revenir et emprunter sur les marchés au cours de la troisième année du programme", a dit à Reuters un responsable syndical sous le sceau de l'anonymat.

L'Union européenne avait estimé il y a quelques semaines que de nouvelles mesures d'économies ne seraient pas nécessaires cette année mais nombre d'économistes jugent au contraire que la Commission, la Banque centrale européenne (BCE) et le FMI, qui mènent les discussions avec les autorités grecques réclameront de nouvelles réformes en échange des dizaines de milliards d'euros de prêts en vue.

Les mesures discutées portent notamment sur un relèvement de deux à quatre points du taux de la TVA, actuellement à 21%, ainsi que sur une baisse des primes et des avantages sociaux dans le secteur public. Une hausse d'au moins 10% des taxes sur le tabac, l'alcool et les carburants est également envisagée.

"Toutes ces mesures sont sur la table", a dit une source qui a requis l'anonymat. "Elles ne sont pas encore définitives."

Les autorités grecques devraient annoncer les modalités de l'accord d'ici lundi, ont précisé des sources.

Si les Allemands restent majoritairement hostile à une aide à la Grèce, ils ne sont toutefois plus que 57% dans ce cas contre 68% en février, a montré une étude publiée jeudi par l'institut Emnid, ce qui pourrait être de nature à faire fléchir Angela Merkel qui continue d'afficher sa réticence.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a déclaré jeudi qu'il n'existait aucune alternative à l'octroi d'une aide à la Grèce, même si elle doit être assortie de conditions très dures. Une sortie de la Grèce de la zone euro aurait, de l'avis des experts, de graves conséquences sur l'Allemagne, a-t-il poursuivi.

Affirmant que la Grèce ne pouvait être éjectée de la zone euro, le ministre a cependant ajouté qu'il n'était pas encore certain que Berlin approuve une aide financière à la Grèce, estimant que l'on saura dimanche si une solution peut être définitivement trouvée.

De Chine, le président français Nicolas Sarkozy a quant à lui dénoncé les attaques spéculatives menées contre l'euro, tout en assurant de la parfaite entente existant entre la France et l'Allemagne.

LES MESURES D'AUSTÉRITÉ ÉTALÉES SUR 3 ANS

Les marchés continuent de surveiller avec attention l'évolution des pourparlers sur l'aide à la Grèce, car celle-ci doit refinancer une émission obligataire de 8,5 milliards d'euros qui arrive à échéance le 19 mai.

Secouées mardi et mercredi par la dégradation successive des notes souveraines de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne par l'agence Standard & Poor's, les Bourses regagnaient du terrain jeudi, tandis que l'euro se stabilisait au-dessus de son plus bas d'un an face au dollar américain inscrit la veille.

Athènes doit gérer une dette publique d'environ 300 milliards d'euros et un déficit budgétaire qui a représenté l'an dernier 13,6% du produit intérieur brut (PIB).

Les syndicalistes ont déclaré que les discussions en cours envisageaient une réduction ou une suppression des 13e et 14 mois des secteurs public et privé, des primes représentant un mois de salaire traditionnellement versées au moment de Noël et de Pâques. Un gel des salaires dans la fonction publique, pour une durée de trois ans, est également évoqué.

Une telle mesure permettrait à l'Etat d'économiser environ 1,4 milliard d'euros par an.

Les négociations portent aussi sur le système de primes en vigueur dans le secteur public, qui permet aux fonctionnaires d'augmenter leurs traitements lorsqu'ils qu'ils travaillent sur ordinateur ou lorsqu'ils arrivent au bureau à l'heure.

Une réduction de 5% à 15% de ces primes pourrait représenter 300 millions d'euros d'économies.

Mais ces mesures supplémentaires risquent de renforcer la résistance de l'opinion publique. De récents sondages d'opinion montrent qu'une majorité des Grecs s'opposent à une aide extérieure et craignent de voir le plan de soutien amputer leur niveau de vie.

Aucune précision sur le calendrier d'application des nouvelles mesures n'a été livrée, mais une source a dit que certaines pourraient entrer en vigueur avant la fin de l'année tandis que d'autres seraient échelonnées jusqu'à la fin des trois ans du plan de soutien.

"C'est une catastrophe ! Le gouvernement a franchi la ligne jaune", juge Despina Spanou, membre du conseil du syndicat ADEDY de la fonction publique. "Nous ne pouvons vivre de cette manière. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour combattre ces mesures, parce que c'est une bataille pour notre survie."

Alexandre Boksenbaum-Granier, Marc Angrand et Nicolas Delame pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat