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Pas de "divergence" entre Paris et Berlin, mais des "sensibilités différentes"

Manuel Valls nie toute divergences de fonds sur la Grèce entre Paris et Berlin.

Manuel Valls nie toute divergences de fonds sur la Grèce entre Paris et Berlin. - JEFF PACHOUD - AFP

Le Premier ministre Manuel Valls a nié que la France et l'Allemagne se soient désolidarisées ces derniers jours, en pleines négociations tendues entre la Grèce et ses partenaires de la zone euro.

Manuel Valls a "formellement" démenti jeudi toute divergence de fond entre la France et l'Allemagne sur le dossier grec, tout en reconnaissant des "sensibilités" différentes des opinions française et allemande sur ce dossier brûlant pour l'euro.

Le Premier ministre, qui s'exprimait à Toulouse en marge d'un sommet économique franco-chinois, a manifestement voulu faire baisser la tension quelques jours avant le référendum grec de dimanche sur les dernières propositions des créanciers.

Jamais la relation franco-allemande n'a été aussi forte

"Sur tous les dossiers européens, l'Allemagne et la France travaillent et travailleront ensemble, je vois des commentaires sur une distance entre la France et l'Allemagne et je démens formellement cette analyse, jamais la relation franco-allemande n'a été aussi forte", a-t-il déclaré.

Manuel Valls a ajouté que la France et l'Allemagne se concertaient "en permanence" sur ce dossier, François Hollande et Angela Merkel s'étant encore appelés jeudi matin. Mais il a reconnu des "sensibilités" différentes. "Notre relation avec la Grèce est différente que celle que l'Allemagne peut avoir, nos opinions réagissent différemment par rapport au dossier des Grecs", a-t-il poursuivi en disant que, comme Paris, Berlin voulait que la Grèce reste dans l'euro.

La tension était pourtant palpable entre les deux capitales mercredi avant que le Premier ministre grec Alexis Tsipras confirme dans l'après-midi qu'il demandait à son peuple de refuser l'offre des créanciers en votant "non" dimanche. François Hollande avait pris mercredi le contre-pied d'Angela Merkel en plaidant pour un accord "tout de suite", avant le référendum du 5 juillet sur le programme de soutien à la Grèce, alors que la chancelière allemande entendait reprendre les discussions après la consultation où le "non" menace.

Plus facile pour Hollande que pour Merkel

Soumise à la pression de l'opinion publique allemande, majoritairement favorable à un "Grexit" selon un récent sondage, et à l'intransigeance de son parti, la CDU, Angela Merkel joue une partie politique délicate. A contrario, François Hollande, qui fait désormais figure de conciliateur face à Athènes alors que la chancelière allemande n'a pas manqué de flexibilité avant la rupture des pourparlers, sait pouvoir compter sur une majorité clémente envers Athènes. "C'est plus facile pour la France que pour Angela Merkel qui est en difficulté avec la CDU", concède-t-on dans son entourage.

La chancelière, ajoute-t-on de source diplomatique française, "est obligée de tenir compte des sensibilités de son opinion publique, de la solidité de sa coalition". "La CSU a pris avec la CDU des positions extrêmement dures à l'égard des Grecs", relève-t-on.

François Hollande avait mis en garde mercredi contre "les affirmations péremptoires" alors qu'Angela Merkel venait de déclarer devant le Bundestag qu'"un bon Européen [n'était] pas celui qui recherchait le compromis à tout prix".

Paris et Berlin mettent en garde les Grecs

Paris redoute les conséquences d'une possible "dislocation" de la zone euro alors que les Allemands ne cessent d'affirmer que le bloc est désormais mieux armé pour résister au choc. Mais Alexis Tsipras a coupé l'herbe sous les pieds des médiateurs français mercredi après-midi en rejetant en bloc les offres des créanciers et en appelant à voter non.

Signe de l'exaspération qui règne à Paris, selon un responsable européen, le ministre des Finances, Michel Sapin, a déclaré lors de la conférence téléphonique de l'Eurogroupe mercredi soir qu'après les déclarations d'Alexis Tsipras, aucune négociation n'était plus possible avant lundi.

"S'il y a eu rupture des négociations, c'est à l'initiative du gouvernement grec", a déclaré Manuel Valls jeudi. Et de mettre en garde les Grecs, comme le fait l'Allemagne depuis une semaine : "Nous leur demandons de voter les yeux ouverts en tirant aussi toutes les conséquences de ce que pourrait être un vote 'non' qui pourrait faire glisser la Grèce hors de la zone euro."

N.G. avec AFP