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Paul Magnette, l’homme qui dit non au Ceta

Paul Magnette refuse toujours de donner le feu vert de la Wallonie au Ceta.

Paul Magnette refuse toujours de donner le feu vert de la Wallonie au Ceta. - Eric Lalmand - AFP

Le président-ministre wallon refuse toujours de donner son feu vert au traité de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne. Et commence à sérieusement agacer les poids lourds européens.

Envers et contre tous, la Wallonie refuse toujours d’accepter les termes du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (Ceta). À sa tête, Paul Magnette, 45 ans et déjà un long parcours politique derrière lui.

Sa carrière prend un virage à 180 degrés lorsqu'à la surprise générale, l'homme fort du PS, Elio Di Rupo, le propulse en juin 2007 à Charleroi, où l'équipe socialiste au pouvoir est engluée dans de retentissants scandales de corruption. Il enchaîne ensuite les postes de ministre: de la Santé en Wallonie pendant quelques mois, puis, à partir de décembre 2007, du Climat et de l'Energie au sein du gouvernement fédéral.

Il devient sénateur en 2010 et bourgmestre (maire) de Charleroi deux ans plus tard, une fonction qu'il occupe toujours mais qu'il ne peut exercer en raison des règles de non-cumul des mandats.

Relégué dans l'opposition après sa défaite aux élections de 2014, Elio Di Rupo reprend les rênes du PS et Paul Magnette devient en juillet ministre-président de la Wallonie, où il s'allie avec les centristes.

Européen convaincu

S’il se montre hostile au Ceta, un texte défendu par la quasi-totalité des chefs d’États de l’UE, ce professeur de science politique - il a notamment enseigné à l’IEP de Paris- est pourtant un social-démocrate aux convictions européennes affirmées.

Partisan d’une Europe moins libérale, l’ancien éphémère patron du PS belge (de janvier 2013 à juillet 2014) entend néanmoins obtenir des garanties supplémentaires de la part des négociateurs canadiens. Notamment au sujet des tribunaux d’arbitrage privé, ou encore des questions agricoles, selon un diplomate européen cité par l’agence Reuters.

Ce qui a le don d’agacer les partisans du Ceta, comme le Premier ministre belge Charles Michel qui a récemment déploré le fait que la Wallonie soit "le dernier endroit en Europe où l'on s'oppose à ce qui est sur la table". Certains, à l’image du président du conseil européen Donald Tusk, jugeant même que le véto wallon mettait en péril la "crédibilité de l’Union européenne".

"Le capitalisme financier a été un échec"

Adepte des thèses défendues par le Français Thomas Piketty, Paul Magnette avait fait part, dès 2014, du "désarroi idéologique" régnant en Europe. "Le capitalisme financier a été un échec. La désindustrialisation a été terrifiante, tout autant que le creusement des inégalités de revenus et de patrimoine", affirmait-il ainsi dans un entretien à Médiapart.

Au grand dam des 28, le ministre président wallon a décidé de se faire entendre. Et si l’on peut douter de sa capacité à résister indéfiniment à la pression de l’UE, cette mission est d’ores et déjà réussie. En attendant, peut-être, une nouvelle passe d'armes sur le Tafta...

Yann Duvert avec AFP