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Pékin limite les entreprises chinoises dans leurs acquisitions à l'étranger

La Chine veut enrayer l'hémorragie de capitaux.

La Chine veut enrayer l'hémorragie de capitaux. - Bitjwpark - Pixabay

Pour éviter de trop grosses fuites de capitaux hors du pays, le gouvernement a décidé de limiter le montant maximal des investissements dans les entreprises étrangères.

La Chine va restreindre drastiquement les acquisitions réalisées par ses entreprises à l'étranger. L'idée est de juguler les colossales fuites de capitaux hors du pays.

Pékin veut leur interdire la plupart des investissements de plus de 10 milliards de dollars, a rapporté l'agence Bloomberg, citant des sources proches du dossier. De même, le gouvernement s'opposera à toutes les acquisitions supérieures à 1 milliard de dollars qui sortiraient des "activités fondamentales" du groupe chinois concerné. Enfin, les entreprises d'État se verraient interdire tout investissement immobilier de plus de 1 milliard de dollars à l'étranger.

Ces restrictions seront prochainement communiquées et devraient rester en vigueur "jusqu'à septembre 2017" - tout en laissant la possibilité d'un feu vert pour d'exceptionnelles "acquisitions stratégiques", selon Bloomberg. Ces mesures étaient également rapportées par le quotidien hongkongais South China Morning Post, qui se référait à des minutes de la banque centrale. De son côté, la NDRC (organe de planification économique) a publié lundi soir un communiqué affirmant que le gouvernement central "examinera et vérifiera les projets d'investissements à l'étranger en fonction des lois et règlements", mais sans fournir de détails.

Enrayer la massive hémorragie de capitaux

Ce coup de frein semble à contre-courant du mot d'ordre de Pékin exhortant ses entreprises à se développer à l'international pour s'emparer de nouveaux débouchés et technologies. Le géant asiatique est devenu en 2015 exportateur net de capitaux, avec des investissements à l'étranger de 145 milliards de dollars, en hausse de plus de 18%. Le montant devrait doubler cette année.

Aucun secteur n'est oublié, du football au divertissement, et nombre d'investissements dans l'industrie dépassent le milliard de dollars. Début 2016, le géant public de la chimie ChemChina avait annoncé le rachat l'agrochimiste suisse Syngenta pour 43 milliards de dollars en numéraire. Mais la priorité semble désormais pour le régime communiste d'enrayer la massive hémorragie de capitaux hors de Chine, qui exerce une formidable pression à la dépréciation sur le yuan.

Signe de l'ampleur du problème, les réserves de devises étrangères du pays ont chuté de presque 46 milliards de dollars en octobre, Pékin puisant abondamment dedans pour défendre sa monnaie. D'après le SCMP, l'autorité municipale de Shanghaï en charge des changes a averti les banques que tous les paiements réalisés vers l'étranger et supérieurs à 5 millions de dollars devraient être préalablement approuvés par le gouvernement central.

D. L. avec AFP