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Pierre Gattaz a "l'impression qu'on a confiné beaucoup plus violemment en France que partout ailleurs"

Invité de BFM Business, le président de Business Europe et ancien patron du Medef explique pourquoi la France souffre plus de la crise du coronavirus que les pays nordiques ou l'Allemagne.

Qu'il s'agisse de bilan humain ou de bilan économique, le coronavirus a coupé l'Europe en deux avec d'un côté l'Allemagne et les pays nordiques, et de l'autre la France et l'Europe du Sud. Et cette différence s'explique par des raisons économiques et sociales, selon Pierre Gattaz.

Invité ce mardi de Good Morning Business, le président de Business Europe (qui représente 27 patronats européens) et ancien patron du Medef estime "que les pays qui s'en sortent le mieux comme l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, la Hollande les pays nordiques ont en général trois critères".

Et de détailler: "ils ont une économie qui marche bien avec des taux de chômage faible, 3,4,5%. Donc ils ont les moyens de surmonter cette crise. Deuxièmement, ils ont un système industriel qui leur a permis de faire des masques, de faire des médicaments, de faire des gels, des systèmes de réanimation avant les autres parce qu'ils ont un tissu industriel très fort. Donc une réactivité beaucoup plus forte que nous en France qui, malheureusement depuis 40 ans, avons descendu (la part de) notre industrie (dans le) PIB de 18 à 12%". 

Comme beaucoup, Pierre Gattaz appelle donc à "relocaliser et à réindustrialiser" la France.

Un confinement trop dur "qui pose problème"

"Troisième chose, ils ont un dialogue social (...) exigeant mais pragmatique et pas politique. Et parfois, dans nos entreprises françaises ça marche très bien. (...) On devrait être uni", souligne Pierre Gattaz.

Ces différences s'illustrent par les chiffres d'activité de certains secteurs clés pendant l'épidémie. "L'industrie est tombée autour de 40/50% en France au mois d'avril et était déjà de 70/80% en Allemagne, pareil pour l'Autriche. Les chantiers, le BTP sont descendus à 20% d'activité en France. Ils sont restés à 70/80% dans ces pays que j'ai cité".

"J'ai l'impression qu'on a confiné beaucoup plus durement, beaucoup plus violemment en France que partout ailleurs", juge l'ancien patron des patrons. "Et c'est ça qui pose un problème aujourd'hui".

Olivier Chicheportiche