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Pourquoi la BCE fait dévisser l'euro

La BCE a surpris le marché des changes

La BCE a surpris le marché des changes - Daniel Roland - AFP

Les annonces de la banque centrale, prononcée jeudi 4 septembre, ont précipité la dégringolade de la monnaie unique, qui, pour la première fois depuis juillet 2013, est passée sous les 1,30 dollar. Et la chute n'est peut-être pas encore achevée.

Manuel Valls peut dire merci à Mario Draghi. Le Premier ministre français n'a eu de cesse, lors de ses récents discours, d'appeler le patron de la Banque centrale européenne à aller plus loin pour faire baisser le niveau de l'euro.

Le président de la BCE a, en tout cas, dévoilé jeudi 4 septembre un nouvel arsenal de mesures pour relancer une inflation en perte de vitesse, accompagnés d'une baisse des taux directeurs.

L'effet sur le cours de la monnaie unique a été immédiat. Pour la première fois depuis juillet 2013, l'euro est passé sous les 1,30 dollar, au moment même où Mario Draghi annonçait plusieurs programmes de rachats de titres. Ce vendredi 5 septembre, la monnaie unique s'échangeait encore à 1,2958 dollar vers 11h30.

"La BCE a expliqué qu'elle veut faire passer son bilan de 2.000 à 3.000 milliards d'euros, soit son niveau le plus haut, atteint en 2012. C'est de la création monétaire et cela appuie forcément sur la devise", commente Cyril Regnat stratégiste chez Natixis.

Les décisions annoncées jeudi par Mario Draghi sont, par ailleurs, venues amplifier la différence existante avec la Réserve fédérale américaine (Fed).

"D'un côté on a une Fed qui est dans un processus de normalisation de sa politique monétaire et de l'autre une BCE qui est de plus en plus accommodante et qui surprend", constate Cyril Regnat."C'est ce qui explique les écart de taux d'intérêt entre l'Allemagne et les Etats-Unis et l'accélération de la baisse de l'euro", analyse-t-il.

Sous les 1,28 dollar à la fin de l'année?

De fait, l'euro avait déjà commencé à chuter cet été. Entre le 1er juillet et le 25 août, le cours de l'euro face au dollar avait déjà perdu 3,6%.

Outre la politique monétaire, les récentes statistiques américaines et européennes ont joué en faveur du billet vert et en défaveur de l'euro. La vigueur de la reprise américaine s'est ainsi confirmée. Le 28 août dernier, Washington a indiqué que la croissance américaine a atteint 4,2% au deuxième trimestre en rythme annuel. Les chiffres de l'emploi américain, qui doivent tomber ce vendredi après-midi, pourraient encore accentuer la tendance. A l'inverse, Eurostat a confirmé ce vendredi 5 septembre que la croissance a stagné au deuxième trimestre en zone euro, par rapport au premier.

Au final, l'euro a encore un certain potentiel de baisse face à un dollar qui a été longtemps sous-évalué. Les stratégistes de Natixis tablent sur une parité de 1,27 dollar pour un euro d'ici à la fin 2014.

Julien Marion